À vous, Michel Tremblay, qui m’avez appris
À être en colère
Les personnages de Michel Tremblay sont forts, particulièrement les femmes. Il est difficile de trouver des modèles féminins comme ceux que l’auteur dépeint. Je parle de protagonistes munis d’une éloquence sans limites. Mon idole, cet homme originaire de la mythique rue Fabre, décrit de sa plume habile le côté laid qui se cache en nous. Il le fait avec une véracité émouvante. Grâce à lui, j’ai compris qu’une femme ce n’est pas obligatoirement docile et gentil. Albertine, par exemple, exprime sa rage avec une grande ferveur. Une femme peut être forte, capable de s’assumer. Elle a le droit de crier aussi fort qu’elle le veut. Il lui est possible de tout changer.
À être curieuse
La culture fait partie de ma vie. À ma première session de cégep en art dramatique, j’ai joué un magnifique personnage du répertoire de Tremblay, celui de Marie-Lou. Grâce à elle, j’ai décidé de plonger tête première dans le théâtre. J’ai alors fait la connaissance de la grosse femme : un personnage curieux qui dévore les livres sans attendre l’approbation de personne. C’est une femme capable d’amour et de tendresse envers son mari, une femme qui est désireuse d’en vivre plus. J’ai découvert une femme rêveuse. Dès qu’elle se ferme les yeux, elle s’imagine les paysages d’Acapulco. J’ai aussi fait la connaissance de Carmen qui a tout laissé tomber pour vivre sa passion du country et des hommes. Ces femmes ont pris ma main et m’ont guidé sur de nouveaux chemins.
La nécessité de s’unifier
Ces personnages, même si leur univers a été créé il y a de nombreuses années, m’apprennent encore aujourd’hui qu’être femme, ce n’est pas un modèle unique. Petite, grande, déterminée ou timide, il faut néanmoins se soutenir. Je revois Germaine Lauzon dans la pièce Les belles-soeurs s’affairant à coller des millions de timbres avec justement ses belles-sœurs et ses amies. Je ressens, au début de leur réunion, toute leur joie qui tourbillonne. Puis, je les entends chuchoter quelques mauvaises remarques sur les unes et sur les autres. La jalousie frappe. Ce fléau fait malheureusement encore partie du quotidien des femmes. Il faut donc maintenant apprendre à s’unifier afin de jouir pleinement de notre curiosité et afin que notre colère n’ait plus besoin de déferler.