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Je ne veux plus être une Madame

Par Andréanne Beaupré – le dans Chroniques
Je me rappelle quand j'suis entrée au secondaire, j'regardais les grandes de cinquième en me disant qu'elles étaient dont hot, que j'avais hâte d'être vieille et cool comme elles. Pis j'suis arrivée en secondaire 5, et j'ai ri en me disant que j'étais loin d'être vieille et cool. J'étais en fait encore un ti-cul qui apprend l'horoscope au grand complet pour être sur d'avoir la bonne réponse quand le bouncer me demanderait mon signe astrologique derrière ma fausse carte bidon.

Quand t’es jeune, le futur est souvent flou. Tu regardes les plus vieux aller, avec une sorte d’admiration teintée d’indifférence, parce que c’est loin dans ta tête, le monde des Monsieurs et des Madames. Tu passes tes vendredis soirs à flamber ton cash dans’ tequila, avec des rêves de tour du monde dans l’fond de la tête. T’es invincible et t’as la vie devant toi!

Mais tu te réveilles un matin, un bac en main, avec ton futur qui s’éclaircit un peu plus. Tu fais ton lavage comme une grande, t’as des offres d’emplois dans des bureaux de monde en cravate et t’as peut-être même mis de l’argent dans 2-3 actions. Ton futur s’éclaircit un peu plus, mais t’as jamais été plus angoissée qu’en ce moment.

T’es angoissée parce que maintenant t’es coincée entre l’envie de profiter de ta jeunesse et l’excitation des nouvelles responsabilités. T’es brassée de tous bords, tous côtés et des fois, tu te dis que c’était beaucoup moins compliqué quand ta seule angoisse c’était de savoir si le beau Antoine allait être au party de Sasha vendredi prochain.

Un baccalauréat, c’est pas rien. Tu t’es peut-être déjà trouvée une job ou tu as décidé de continuer vers la maîtrise, le doctorat même. Tu as des nouveaux buts, des objectifs académiques et professionnels qui fusillent de partout et c’est tout à ton honneur! Mais il y a toujours cette petite crainte qui ne se ferme pas la boîte dans l’fond de ta gorge. Comme un murmure incessant qui tente de combattre tes pensées de 8 à 5 et de thèse doctorale. Un murmure affolé qui te supplie de prendre ton temps, de profiter de tes jeunes années.

Prendre ton temps pour faire ce cours de peinture dont tu rêves depuis toujours ou pour lire toute l’oeuvre de Paulo Coelho pis te poser des questions du genre «Pourquoi je suis sur Terre?» ou ben «Est-ce que les esprits nous regardent même quand on fait pipi?». Prendre ton temps et choisir un vol pour te rendre à quelque part de beau, mais juste un aller. Packer ton char et partir titiller ton oreille de nouveaux accents d’ici et d’ailleurs. Juste vivre au jour le jour, en profitant de ce que la vie a à t’offrir ce jour-là, parce que c’est tout ce qui compte vraiment.

C’est angoissant de voir venir les responsabilités. Les meetings, les factures, les dettes, les rédactions, les cours, le ménage et les clients. C’est angoissant de se rendre compte que des gens vont maintenant compter sur toi pour faire une certaine job, à un certain moment, en dedans d’une certaine contrainte de temps. Et là, il n’y aura plus l’option de perdre 10% par journée de retard. Tu ne pourras pas juste remettre à demain.

Ton futur, c’est aujourd’hui et des fois, moi, cette idée me prend à la gorge et je manque d’air. Je manque d’air et j’ai seulement envie de me prendre un billet vers quelque part de beau et me faire une p’tite vie tranquille là-bas, dans un bungalow sur le bord de l’eau.

Des fois, je regarde la vie venir, et j’veux pu être une Madame. Je veux pu être vieille et cool. Je veux juste être jeune et libre. Apprendre des choses sans qu’il y ait d’examen, découvrir le monde avec les yeux et pas juste dans les livres, rire avec des nouveaux amis, boire du bon vin et frencher beaucoup.

Mais je crois que ce qui est le plus angoissant dans tout ça, c’est de voir que les choses changent. Tu n’es plus l’ado insouciante avec VIA Rail au grand complet dans gueule. T’es en voie de devenir une femme accomplie et indépendante, pis oui ça peut faire peur en maudit. Pis c’est normal même.

Mais devenir une grande personne, ça ne veut pas dire de se faire chier à rouler dans le trafic 5 jours sur 7, de ne plus jamais avoir de vacances ou de devenir une version «correcte» de soi-même. C’est pas parce que tu deviens une grande personne que tu dois nécessairement fitter dans le stéréotype de l’adulte qui joue l’agace avec le burnout.

C’est possible de vieillir et d’avoir d’autres rêves, de les réaliser même. C’est possible de rester spontanée malgré les années, de partir à l’aventure et de frencher. Nous seuls avons le contrôle de notre vie et au final, que tu aies choisi de faire 10 ans d’études, de starter ta propre entreprise ou bien de vivre ta vie sur le pouce, souviens-toi que la seule façon d’être libre dans la vie, c’est d’être heureux.

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