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La dépression, c’est pour les faibles

Par Collaboration spontanée – le dans Chroniques

Un titre qui frappe comme on dit. Et bien si tu m’avais demandé ce que je pensais de la dépression back in the days, admettons en 2011, je t’aurais répondu ça : la dépression, c’est pour les faibles!

Je t’aurais répondu ça parce que, dans ma tête à moi, la dépression était synonyme de « se plaindre », « vouloir l’attention », « être paresseux »… L’opposé d’être proactif, optimiste, positif, souriant et entreprenant. Ce que j’avais pas encore compris, c’est qu’en fait, ce que je décrivais était plus un type de personnalité, tsé la personne toujours rabat-joie qui mine le bonheur des autres à coup de « ma vie c’est d’la marde ». Le genre de passe qu’on a tous eu après une rupture ou un changement de carrière, mais que certaines personnes ont tendance à vivre à long terme. Et bien dans ma tête en 2011, c’était ça, la dépression… et dans ma tête à ce moment-là, les médecins annonçaient un diagnostic de dépression seulement à ces gens-là…

Puis est arrivé août 2011. Je revenais d’un échange à l’étranger dans la ville paradisiaque de Nice en France, j’étais dans un baccalauréat qui tirait à sa fin et les cours étaient devenus peu pertinents, d’autant plus que je ne me voyais pas vraiment faire ce métier-là pour le restant de mes jours. J’étais aussi récemment célibataire, je venais d’emménager avec de nouveaux colocataires et j’allais entamer mon dernier stage dans ma ville à moi, Montréal.

Mais voyez-vous, à travers tout ça, moi je n’y voyais que du positif: j’étais encore sur un nuage de grande voyageuse, j’étais consciente que je ne ferais pas ce métier-là toute ma vie, j’étais consciente que mon baccalauréat était rendu moins pertinent, mais je trippais sur ma cohorte, sur l’université, sur les projets et les profs. J’étais récemment célibataire, mais en voyage, j’avais appris à me connaître par cœur et à être bien avec moi-même. Mes nouveaux colocataires étaient su’a coche et mon dernier stage était dans une école de rêve en sport-études. J’avais tout pour tripper, et normalement j’aurais trippé.

source : unsplashUnsplash.com

Mais en août 2011, malgré tous ces projets et ma personnalité rassembleuse et positive, j’étais pas bien. Je le savais que ça n’allait pas, mais dans ma tête, y’avait toujours une excuse qui revenait pour chaque événement: le manque de sommeil. C’était la réponse à tout: j’ai pas la force d’aller prendre ma douche, c’est que je suis fatiguée. J’ai pu le goût d’aller pratiquer mon sport favori, c’est parce que je suis fatiguée. J’arrive pas à me concentrer en classe, sûrement parce que je suis fatiguée. Je dors 12 heures par jour, c’est sûrement aussi parce que je suis fatiguée.

Voyez-vous, dans la vie, je suis une éternelle optimiste. Ma devise: y’a une solution pour tout! Je ne me laisse jamais abattre et je vais toujours au bout de mes projets. Par contre, là, c’était différent, c’était pas des obstacles habituels. Ces obstacles-là influençaient mon mode de vie, ma qualité de vie aussi.

Deux mois plus tard, j’ai décidé d’écouter mon corps et je suis allée voir un médecin. Je suis entrée dans son bureau, je me suis assise et j’ai déballé mon histoire en disant que j’étais très fatiguée. Je lui ai même proposé un diagnostic (gratis!), je lui ai dit: je pense que je manque de fer (ouep, une grande connaisseuse, #NOT). Lui, il m’a écoutée, m’a questionnée sur mes habitudes de vie, sur ma carrière, sur mes amis, tellement que ça m’a un peu frustrée. Je venais chercher de l’aide et lui me parlait de la pluie et du beau temps. Puis, il m’a dit: j’ai un bon spécialiste à vous recommander, un spécialiste du sommeil. J’étais satisfaite, la perfection que je me disais. C’était exactement ce qu’il me fallait, sauf que quand je me suis présentée au rendez-vous, sur la porte du spécialiste du sommeil, c’était écrit « Psychiatre ».

Peux-tu croire? Le 12 octobre 2011, j’étais assise dans le bureau d’un psychiatre. Mes connaissances du milieu médical étant limitées, je me suis quand même dit qu’il devait être d’une quelconque façon ce fameux spécialiste du sommeil. Puis, il s’est mis à me poser les mêmes questions que l’autre médecin, à me parler de ma vie, de mes projets, de ce qui me motive. Pas besoin de te dire que moi, je l’ai jamais venu venir. J’attendais mes p’tites pilules de fer, mais au lieu de ça, on m’a largué une bombe: j’étais en dépression. J’ai ri. J’ai dit au psychiatre que c’était IM-POS-SI-BLE, que je souriais, que j’avais des projets et que j’avais aucune pensée noire ou suicidaire.

Puis, il a souri lui aussi, il m’a dit que la dépression n’était pas un état d’âme, que c’était une maladie. J’ai été fascinée, je lui ai posé plein de questions assez spéciales du genre: donc, mon cerveau est brisé? Comment ça se fait que j’arrive à être heureuse quand même? J’étais d’un côté dans le déni, mais de l’autre, tout ça faisait du sens. Je possédais depuis le début les morceaux pour assembler le casse-tête, mais dans ma tête, j’allais régler chaque problème individuellement au lieu de les voir comme un tout. Les symptômes parlaient d’eux-mêmes, j’étais malade. J’étais en dépression. Moi, la fille qui conseille les autres, moi, la fille heureuse et remplie d’ambition, j’étais en dépression.

Pourquoi je te parle de mon histoire? Pas nécessairement pour dénoncer ou sensibiliser. Mais plutôt parce que j’en suis venue à la conclusion que les relations de nos jours restent souvent en surface. On fait des constats simples du genre: elle sourit, elle est donc heureuse. Et là, je ne suis pas en train de dire qu’il faut devenir suspicieux et se méfier de quelqu’un qui sourit, mais juste d’être assez conscient des autres autour de nous pour poser les bonnes questions. Ne serait-ce que de s’intéresser assez à ceux qui nous entourent pour être capable de déceler des indices, qu’ils soient inquiétants ou, au contraire, rassurants. Juste d’être là à ses côtés et parler de lui, de ses émotions, de ses projets. Sérieux, on apprend tellement des autres qui nous entourent. Go for it.

Mon casse-tête avait peut-être 112 morceaux, c’était difficile de l’assembler, mais quand quelqu’un l’a assemblé avec moi, ça m’a aidée à réaliser et à aller chercher l’aide qui me fallait. Aujourd’hui, je vais super bien. Ça m’a pris un an et demi. Il paraît que quand tu fais une dépression, tu es prédisposé à en faire d’autres. Ben tu sais quoi? J’AI MÊME PAS PEUR! J’ai pas peur parce qu’au travers de cette épreuve-là, j’ai compris que j’avais la force ET LE DEVOIR de parler de mes émotions et de me confier aux gens autour de moi.

Trouve la force au fond de toi et respecte-toi assez pour t’écouter et aller au fond des choses. PEACE.

Par Julie Taillon
Collaboratrice spontanée

Pour lire les autres textes de Julie :
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