La douceur derrière cette rude épreuve

Chère maman,

Ce n’était pas censé se passer comme ça. Sept petits jours à l’hôpital pour te remettre de ton opération et je devais te ramener à la maison. Mais le cancer, c’est traître. Il a décidé de te donner un plus grand défi à affronter. Et depuis, je te regarde t’accrocher à la vie parmi tous les appareils médicaux qui entourent ton lit des soins intensifs.

Ici maman, tout va vite et si lentement à la fois. Une minute ton état est stable alors que la seconde d’après certains signes sonnent l’alarme.

Depuis ton transfert aux soins intensifs, je passe jours et nuits à tes côtés. Tu n’en sais rien, puisque tu es sous l’effet du Propofol qui provoque ton sommeil et qui adoucit ta douleur.

Le premier soir, alors que j’étais sur le point de m’endormir sur la petite chaise qui meuble ta chambre, une infirmière est arrivée avec un petit lit, des draps, un oreiller et m’a souhaité bonne nuit. Je pense qu’elle savait que je n’arriverais pas à te quitter pour la nuit maman.

Mais ne t’en fais pas pour moi, les infirmières ici prennent soin de toi, et tout autant de moi.

Il y a quelques jours, on m’apprenait qu’une troisième intervention chirurgicale devrait être pratiquée pour retirer de nouveaux bobos qui sont apparu dans ton corps. Mais parmi le chaos qu’il peut y avoir lorsque tu pars en salle d’opération, ici on s’assure de calmer la tempête dans mon cœur. Les infirmières prennent le temps de m’expliquer le vocabulaire médical. Et au moment où j’ai éclaté en sanglots, elles m’ont raconté qu’il ne faut jamais laisser ces termes m’intimider. Ce ne sont que des mots mis sur des bobos alors que le concept de l’espoir est plus fort que tout ce qu’il y a de moins beau.

Tu ne le sais peut-être pas encore maman, mais les infirmières sont maintenant tes amies. Vous avez, au fil des jours, construit une belle relation. Je vois la confiance que tu leur portes alors que tu réapprends à respirer par toi-même. Une journée tes progrès vont bon train alors que le lendemain, c’est une toute nouvelle histoire. Dans les deux cas, elles ne cessent de te stimuler pour avancer. Elles t’encouragent; tu verses une larme. Tu as peur; elles te réconfortent et tu finis par réussir. J’adore regarder leurs yeux à ce moment-là, parce que j’y ressens toute la fierté de te voir avancer.

Hier matin, alors que j’étais sur le point d’entrer dans ta chambre, je me suis arrêtée un instant pour contempler ce qui se passait sous mes yeux : un nouveau progrès. Tu étais assise sur la chaise où je passe mes journées à tes côtés. L’infirmière peignait le peu de cheveux qu’il te reste. Tu avais les yeux fermés et le sourire aux lèvres. C’est rassurant pour mon petit cœur de savoir que tu es entre de bonnes mains lorsque je quitte quelques instants.

Plus les jours avancent, plus tu reprends conscience et plus le retour à la maison approche.

Cette lettre, à ma façon, est une manière de m’assurer que tu n’oublieras jamais la douceur et le professionnalisme dont ont fait preuve les infirmières à travers l’atrocité que tu as pu vivre. Alors que je t’ai vu sur le point de perdre la vie, ce qui m’a le plus marqué lors de ton séjour d’un mois aux soins intensifs, c’est la grandeur d’humanité derrière le travail des infirmiers et des infirmières.

Je leur en serai toujours reconnaissante, car ils nous ont réunies de nouveau.

Ta chouchoune

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