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La face cachée du culte de la performance

Par Marie-Joëlle Pratte – le dans Bien-être
Je ne suis sûrement pas la première qui vous le dit, le système scolaire n’est pas optimal. Je ne suis sûrement pas non plus la première qui vous dit qu’on valorise toujours plus le succès que les échecs, qu’on vit dans un monde où les enfants, dès leur entrée à l’école, sont conditionnés à la performance, et ce dans toutes les sphères de leurs jeunes vies. «L’important, c’est de participer», pas si certaine que ça. Il faut être le meilleur. Dans les cours, sur ton relevé de notes, au hockey, au tennis, en gymnastique, en art dramatique, partout. De nos jours, les enfants courent de tous les bords et de tous les côtés afin de performer, ils sont si essoufflés qu’ils en oublient de jouer. Ils sont aux prises avec des problèmes d’anxiété à partir du primaire. C'est ça notre société? 

Et tout ça ne s’améliore pas au fil du temps. Après avoir réussi à gonfler sa cote R pour entrer à l’université,  c’est devenu commun, voire nécessaire, pour certains étudiants de se droguer au Ritalin afin de garder la cadence. Dans les programmes où un stage est obligatoire pour l’obtention de son diplôme, la compétition commence très tôt et est omniprésente durant le reste du parcours scolaire.

Honnêtement, on se bat contre qui dans le fond? Contre quoi? Devoir se prouver au quotidien, démontrer qu’on a étudié plus que les autres, qu’on a passé les dernières semaines de notre vie dans un café, qu’on multiplie les heures de lectures et les cernes pendant qu’on divise nos temps libres et nos heures de sommeil au détriment de notre santé mentale, on fait ça pour qui au fond?

T’es un peu pris là-dedans contre ton gré. Personne ne t’avait averti que ça serait aussi intense. T’as toujours été habitué à être le meilleur et avoir les meilleures notes. C’est d’ailleurs pour ça que t’es rendu là, parce que tu as toujours performé. Tu ne peux pas abandonner, ni échouer arrivé là. Si tu montres un signe de faiblesse, t’es fait. Étudier dans un programme contingenté, c’est un privilège, un honneur pour certains. Tu ne peux plus changer d’idée. Tu dois t’armer de caféine et de compétitivité pour survivre dans cette jungle où tout le monde devient un prédateur, un ennemi.

Avec son deuxième roman, Royal, Jean-Philippe Baril Guérard  dépeint l’atmosphère qui règne entre les murs des facultés de droit. Empreint de cynisme du début à la fin, on y suit l’histoire et le quotidien banal et privilégié d’un étudiant en droit. L’auteur y explore le narcissisme, l’égocentrisme et le désespoir de ceux qui aspirent à décrocher un stage dans un gros cabinet, qui ne vivent que pour le paraître et pour la quête absolue du pouvoir et de l’argent (par moment on se croirait dans American Psycho). Ceux qui se considèrent comme l’élite de la société, qui ont soif d’honneurs.

Que tu aies étudié en comptabilité, en médecine, en actuariat, en droit ou dans n’importe quel domaine, il est impossible de ne pas mépriser le personnage principal en lisant ce roman. Représentant tous les préjugés de l’étudiant imbu de lui-même, aisé, sexiste et élitiste, ce dernier en vient jusqu’à penser au suicide en découvrant sa moyenne de 3.12. Toutefois, il est également impossible de lire ce livre et de ne pas être profondément happé par la lourdeur du culte de la performance dans notre société. Ce n’est pas un chiffre, une note ou un prix qui devrait nous définir en tant que personne. Ce n’est pas non plus un résultat ou une entrevue qui devrait guider nos envies de vivre.

Bien honnêtement, j’ai moi-même étudié en droit et je n’ai jamais vécu dans l’anxiété de voir des pages déchirées dans les livres à la bibliothèque comme les légendes de la faculté le laissaient entendre. Mais j’ai ressenti pendant 4 ans que j’avais besoin de me justifier. Me justifier pour le nombre d’heures que je travaillais en dehors des cours, le nombre d’heures que je ne passais pas devant mes livres, le nombre de partys que j’ai décliné, le nombre de 5 à 7 de réseautage que j’ai skippé. La compétition est partout, mais pourquoi au bout du compte? C’est exactement ce que ce deuxième roman de Jean-Philippe Baril Guérard nous pousse à nous demander. Bien que lourd par moments, ce bouquin parvient à démontrer le visage sombre et le revers de la médaille du culte de la performance. Le métier d’avocat, comme celui de médecin, de comptable ou d’architecte est loin d’être aussi glamour que ce qu’on voit dans les séries télé et ce livre met le doigt directement sur le bobo.

Pour tout étudiant, à découvrir.

Pour voir les autres publications chez Les éditions de Ta Mère, c’est par ici.

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