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Mon amour pour Nick Cave and the Bad Seeds

Par Marika Guilbeault-Brissette – le dans Divertissement

Le langage structure notre réalité. Nous sommes des êtres du langage. J’aime passionnément le pouvoir des mots. De cette façon, il est assez aisé de comprendre que les créateurs d’histoires m’ont toujours infiniment impressionnée et inspirée. Malheureusement, sous mon cil, les poètes transcendants sous le poids des lettres et des rimes sont de plus en plus rares. Cependant, je ne désespère pas. Depuis des années, je chasse. Je les cherche d’un oeil averti. Surprenez-moi! Heurtez-moi! C’est là, alors que mon âme n’y était pas préparée, que Nick Cave and the Bad Seeds est apparu dans ma vie. Comme digne d’un miracle. La foi m’est soudainement revenue.

Un dimanche du mois d’août, j’avais rendez-vous avec Jack White dans un Osheaga pas trop lointain. J’attendais impatiente et fébrile. Le groupe qui devait réchauffer la place pour le guitariste hors pair qui fermait les festivités était Nick Cave and the Bad Seeds que je ne connaissais pas du tout à l’époque. Quelle futilité était ma vie avant cette rencontre! Ils sont montés sur scène. Des vieux de la vieille. Nick Cave lui-même, blême, imposant de toute sa grandeur, le regard noir et la coiffure portant la même couleur. L’autre membre de la formation qui attira automatiquement mon attention fut cet homme âgé à la chevelure et à la barbe longue, interminable, sel et poivre. Il ne faisait aucun doute, Nick Cave et Warren Ellis dégageaient l’expérience, le vécu et la confiance des plus grands dieux. Tout cela avant même qu’ils aient ouvert la bouche. Mon instinct se trompe très rarement. Ce soir-là, nous avons assisté à un moment comme vous n’en vivrez jamais en 100 ans. J’avais oublié Jack White et ses neuf pédales de guitare. J’avais eu une illumination divine.

nickwarrenCrédit: Consequenceofsound.net

Vous devinerez bien certainement que j’ai dévalé les disquaires pour m’injecter tout l’univers du groupe directement dans le cerveau. J’ai découvert assez rapidement que l’homme derrière la formation était un poète accompli. Nick Cave a une plume profonde, imagée, qui donne naissance à des sirènes et au discours des plus vieux habitants de notre planète, j’ai bien dit les arbres.

« The trees will burn with blackened hands
We return with the light of the evening
The trees will burn with blackened hands
We have nowhere to rest. We have nowhere to land

We know who you are
We know where you live
And we know theres no need to forgive »

We No Who U R

Doucement, sans presse, son univers narratif s’est insinué dans mon être. Il s’est fait une petite place où il est toujours bon aller se blottir. Il s’est hissé presque aussi haut que l’endroit dédié à Tom Waits. Ce n’est pas peu dire. Je me l’ai approprié comme quelque chose qui nous appartient et qui crée une sorte de résistance au partage. En frôlant son passé, j’ai attendu le futur. Un possible prochain album. Or, la vie en a voulu autrement. Arthur Cave, fils du couple Nick and Susie Cave, a tragiquement perdu la vie en chutant d’une falaise en juillet 2015.

En apprenant la nouvelle, j’en fus brisée. Sans pitié, jamais. Secouée. Mal. Quand la noirceur s’empare de nos jours, on se fait discret. Je savais que mon monde se ferait sans les morceaux envoûtants de Nick Cave pour quelque temps.

nick-cave-bad-seeds-one-more-time-with-feelingCrédit: Indepedent.co.uk

Je m’étais trompé. Cave annonce un album pour le 9 septembre 2016. On apprend également qu’un documentaire des derniers moments en studio d’enregistrement de l’album Skeleton Tree accompagnera la sortie de l’album. Le tout sera présenté en 3D, intitulé Nick Cave and the Bad Seeds: One More Time with Feeling et entièrement filmé en noir et blanc par le réalisateur Andrew Dominik (L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford). J’ai assisté au résultat à l’emblématique Cinéma du Parc (MERCI MILLE FOIS) vendredi soir dernier et j’ai vu un chef-d’oeuvre naître sous mes yeux embués de larmes pendant presque tout le visionnement.

Tout y était.

Visuellement époustouflant, le traitement en noir et blanc impressionne en version 3D. Pertinent et franchement rafraîchissant. Nous sommes invités intimement dans les appartements de la famille (décor minimaliste), dans le studio d’enregistrement à l’ambiance grandiose, presque religieuse, mais nous voyageons surtout dans l’angoisse, la crainte, le deuil d’un artiste, d’un homme qui sauve tout ce qui lui reste à l’aide des mots.

23465523Crédit: Flickreel.com

Car mis à part le travail remarquable de l’équipe de tournage, c’est la puissance des paroles de Cave qui est le battement, le pouls, du coeur bien ouvert et exhibitionniste donnant vie à ce qui est projeté à l’écran. À travers les nombreux interviews, les mots en voix off du chanteur et leader du groupe qui partage avec nous la peur du temps qui se défile et qui fait que nos corps se désagrègent, s’affaiblissent, et à travers les chansons qu’on nous envoie en aller simple dans l’âme.

« You fell from the sky
Crash landed in a field
Near the river Adur
Flowers spring from the ground
Lambs burst from the wombs of their mothers
In a hole beneath the bridge
She convalesce, she fashioned masks of clay and twigs
You cried beneath the dripping trees
Ghost song lodged in the throat of a mermaid »

Jesus Alone

Si Cave affirme perdre tout dans le documentaire (« all the things we love, we love, we lose »), sa voix, ses accords, son iPhone, son jugement, une chose est certaine, sa poésie reste toujours aussi bien ancrée par les racines des plus puissantes. L’album Skeleton Tree est traversé par les thèmes de la souffrance, de la perte et de la détresse. Jesus Alone, titre qui ouvre l’opus, est accompagné de vocalises dignes de chants d’Église qui ajoutent à l’atmosphère cérémoniale. Le tout se veut très sombre et pourtant, il y a cette pointe d’espoir perceptible, quelque part à l’horizon. Cette possibilité. Ici, la création est un remède, le calme pendant la tempête intrinsèque.

Tout prend une signification avec l’image, l’émotion, les notes, les mots. Aucun énoncé n’exprime parfaitement la valeur d’une signification. Il faut plus. Il faut l’improvisation du moment. La spontanéité. La remise en question. Le doute. Skeleton Tree et Nick Cave and the Bad Seeds: One More Time with Feeling sont des espaces surdimensionnels qui nous présentent l’infini des possibles sur la terre comme au ciel. S’il est vrai que nous sommes des êtres construits par le langage, nos identités se veulent fragmentées et facilement déstabilisées. Dans le cas présent, il est si facile de devenir quelqu’un d’autre du jour au lendemain au vu d’une tragédie et des travers de la vie.

«Vous devez renégocier votre position dans le monde. En une nuit, vous devenez un inconnu à vos propres yeux.»

-Nick Cave

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