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Se contenter d’être

Par Geneviève Gauthier – le dans Chroniques
Devant la spirale enivrante et attirante de l’avoir et d’accumulation de biens, permettez-moi de faire l’apologie de l’être. Je ne m’éterniserai pas, ce serait trop bête. Ce que je propose ici, c’est un regard sur l’universalité de l’existence.

Le premier verbe que l’on apprend à conjuguer en première année, c’est le verbe être. Pour le septique moyen, ce pourrait sembler être une coïncidence. Mais les plus malins sauront que le hasard n’existe pas vraiment. C’est parce qu’être, c’est la base de notre expérience. On est content, on est chanceux, on est choyé, on est certain, on est, dans sa forme la plus simple et la plus pure. Être sans avoir, mais jamais avoir sans être.

Puis dès que l’on maîtrise être, il faut bien passer à autre chose et autre chose, c’est avoir. Parce que si être est primordial, avoir ne laisse pas sa place non plus. On a chaud, on a peur, on a de l’argent, on a un cœur, on a, dans sa forme la plus complexe et la plus nuancée. Avoir, parce qu’être ne suffit pas.

Retournons dans les vieux bouquins, ceux qui sentent l’Histoire, ceux qui, de par leur vérité intemporelle, relativisent l’époque contemporaine. Hamlet, tiens. Grand classique écrit il y a déjà quelques siècles. William Shakespeare l’a esquissé et pensé sur une table de bois massif, un peu craquée et inégale. Ce n’est pas une plaisanterie, je ne plaisante jamais avec les classiques. Je l’ai vu de mes yeux vus, dans la jolie maisonnée dans laquelle il a grandi à Stratford-upon-Avon.

Cette table qui permit de coucher sur papier une histoire qui n’en est pas une, une vérité universelle impérissable. Hamlet, disais-je, parle de l’être, peut-être en avez-vous déjà entendu parler. La question a toujours été: «Être ou ne pas être». Et non avoir ou ne pas avoir.

Quelques centaines d’années plus tard, c’est toujours la même chose; le même combat. La dichotomie de l’être et de l’avoir et encore plus aujourd’hui. On tient un peu la vie pour acquise, on vit plus longtemps, plus en santé. Être ne suffit donc plus, il faut avoir. Toujours avoir et avoir encore plus.

Il est sans doute un peu (beaucoup) cliché de parler de consommation excessive, mais j’en parle tout de même. Ce n’est pas seulement la consommation matérielle outrageuse, c’est aussi la consommation de moments. On prend moins le temps, on prend des photos pour notre compte Instagram et on oublie un peu, à travers tout ça, qu’avoir des photos et des likes, ce n’est pas si important que ça.

Qu’être à Prague est plus magnifique qu’avoir une photo à Prague. On veut aussi tout avoir rapidement. On veut avoir l’amour quand au fond, on devrait vouloir être en amour.

C’est pareil pour les séries télé que l’on binge watch (je suis la première à le faire et de façon un peu malsaine). Les épisodes s’enchaînent à une vitesse impressionnante et à travers cette rapidité de consommation, on perd un peu l’essentiel. Les personnages ne nous accompagnent pas chaque semaine, ils ne se laissent pas désirer. Le suspens est un art que l’on ne peut plus apprécier et l’attente un procédé essentiel dont on se débarrasse trop facilement.

La philosophie de l’être est donc toute simple, peut-être même trop. Devant la simplicité, il ressort souvent un besoin de complexifier les choses. Il faut relayer avoir derrière être. S’assurer qu’avoir ne remporte jamais aux dépens d’être.

On devrait tous, au lieu d’avoir envie, être en vie.

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