J’ai décidé d’être seule pour apprendre à réapprivoiser l’amour
Ce retour-là au célibat se fait pas toujours en douceur. Même que des fois c’est pas doux pantoute. Pis toi, t’essayes de remonter la pente. En écoutant la même chanson 48 fois de suite parce que maintenant, les paroles, tu les comprends mieux. En passant des soirées dans des bars, pour finalement réaliser que t’es pas capable de te changer les idées tant que ça. La pente est à pic en maudit. Ça fait peur et t’as envie de tout sauf d’être seul.
Et c’est dans cette fuite de la solitude que ça devient dangereux. Tu cumules des dates qui mènent à rien, tu cherches de la tendresse auprès de yeux et de mains qui resteront pas longtemps dans ta vie. T’essayes d’attraper au vol de l’affection éphémère. Tu cherches du vrai dans un monde de faux.
Et, à trop vouloir éviter de passer du temps seul, autant dans ta tête que dans ton lit, tu te perds.
Mais pourtant, du temps seul, ça fait du bien. Ça te permet de mieux te comprendre, de creuser là où ça fait mal. Ça te permet de savoir ce que tu veux de la vie, d’arrêter de faire des plans à deux mais de plutôt penser au futur en mode solo. Ça te permet de te concentrer sur tes projets, tes passions et tes rêves. Ça te permet de savoir ce à quoi tu t’attends d’une prochaine relation amoureuse et de réapprendre à aimer quelqu’un profondément malgré tes blessures, parce que tu as appris à les cicatriser.
Moi, pour le moment, j’en veux du temps seule, pour me confronter et apprendre à me découvrir. Du temps pour ficeler mon identité, parce que je la tricote pis j’ai pas fini. Y m’en reste beaucoup de la laine, pis est emmêlée un peu.
Anyway, ça me tente pu les dates où tu parles pour rien dire pis que tu sais comment ça va finir. Parce que, dans l’fond, s’investir si fort à apprendre à connaître quelqu’un de passager dans ta vie alors que tu te connais pas encore totalement toi-même, c’est un peu con.
Ça me tente pas non plus de me réveiller le matin, couchée dans le creux du cou d’une personne qui est pas la même que celle de la semaine passée. Je vais l’attendre, mon futur creux de cou à moi. Ce sera le même qu’hier pis qu’après-demain. Parce que je trouve le familier pas mal plus réconfortant que l’abondance.
Oui, j’y crois encore à l’amour. J’y crois encore aux «bons matins mon amour». Aux regards complices. Aux moments un peu pompettes où on se dit tout croche qu’on s’aime; des mots d’amour qui sentent le gin. Au réconfort de se blottir contre un corps que tu connais un peu trop bien.
Oui, j’y crois encore en maudit à l’amour et je sais qu’il va revenir dans ma vie un jour. Mais pas tout de suite. Parce que, l’amour, c’est pas quelque chose que tu devrais chercher à la va-vite quand tu te sens seul.
Tu devrais plutôt le chercher quand t’es bien avec toi-même et quand tu te sens prêt à partir à l’aventure, vers l’inconnu, avec quelqu’un d’autre. L’amour, c’est la surprise pour laquelle tu sais que ça vaut la peine de patienter un peu.
Je t’en souhaite du temps seul, autant qu’il t’en faut. Parce que c’est quand tu t’en es ennuyé et que tu sais mieux comment l’apprécier que l’amour goûte meilleur.