À toi, la fille forte

Par Marika Guilbeault-Brissette – le 23 août, 2016 dans Chroniques

Je suis certaine que tu t'es déjà reconnue dans le titre. Quand tu étais jeune, tu chevauchais une bicyclette et tu partais à l'aventure dans la bouette avec la gang de gars de ton quartier. Tu te rappelles sûrement aussi des autres petites filles qui s'attachaient à des Barbies à qui elles inventaient des histoires d'amour avec un Ken quelconque. Puis, c'est correct qu'il y ait ces deux genres d'enfants. Vive la diversité!

À Pâques, c’est possible qu’on t’ait offert un chocolat de Batman et que, 22 ans plus tard, tu t’en souviennes encore. Tu voulais devenir policière ou cascadeuse en motocross. Tu faisais clairement partie de l’équipe de baseball de ta municipalité. Tu étais peut-être même la meilleure et l’équipe était mixte! À la fin du primaire, c’est avec toi que tous les petits garçons voulaient sortir. La « disco », c’était l’endroit approprié pour inviter sa future blonde à danser un slow, mais toi, on ne te verrait sûrement pas là-bas.

En grandissant, tu as commencé à fraterniser davantage avec les femmes de ton âge, entre autres parce qu’on n’a pas arrêté de te dire que l’amitié gars-fille, ça ne fonctionne jamais (MENSONGE!!!). Dès que tu t’es retrouvée dans un cercle de filles, tu as rapidement compris que tu étais la fille forte du groupe. Par forte, j’entends celle qui ne s’émeut pas devant une demande en mariage sur la chanson Marry You de Bruno Mars, celle dont le film préféré n’est pas The Notebook ou A walk to remember et celle qui répond Princesse Leia lorsqu’on lui demande qui est sa princesse favorite.

Plus sérieusement, je m’adresse aux filles qui ont le pouvoir de leurs convictions. Je suis certaine que tu sais de quoi je parle. Toi qui ne lâche jamais le morceau. Une conquérante. Une Sauvageonne. Une Amazone. Tu es la femme loyale envers ses opinions, et ce, même si ton groupe d’amies pense complètement le contraire. Oui, il arrive que tu sois un peu plus solitaire ou recluse, c’est correct. Je dirais même que c’est normal. C’est ça qui fait ton charme.

Alors que toutes mettent leur plus belle robe pour une soirée de filles, tu arrives avec ton t-shirt de Kurt Cobain, les cheveux emmêlés et les Dr. Martens aux pieds. Tu bois de la bière directement à la bouteille, pas du vin dans une coupe. Quand la musique de la fête s’enclenche avec les hits des années 80, tu espères vraiment que The Smiths va venir sauver la mise. Ça n’empêche en rien que tu aimes les filles avec qui tu partages ta vie. Probablement parce qu’elles sont différentes de toi et qu’elles te font découvrir autre chose. Puis t’sais, tu as aussi le droit un de ces après-midi d’apprécier Légendes d’automne entre toi, elle et Brad Pitt.

Ce qui m’attriste un peu en tant que power girl, c’est que nous sommes souvent perçues comme celles qui ne peuvent pas être blessées. « Elle est capable d’en prendre! » Je te le dis à toi là, c’est totalement faux. Tu as le droit d’avoir de la peine. Tu as la permission de verser des larmes à chaque fois que tu regardes le film Her. C’est possible que ton amie la plus sensible de ta gang te fasse du mal ; ça ne veut pas dire que c’est parce que ta confiance en toi et ta détermination ne sont qu’une carapace. Ça signifie juste que tu es humaine. Même si, parfois, maudit que tu aimerais ça être Elektra ou Hermione Granger.

Je crois au mariage et je n’ai pas honte de le dire. Or, ce n’est pas en les centres de table et en les cupcakes en forme de coeur en lesquels j’ai foi ; c’est entre ce qui se passera entre lui et moi ce jour-là. Oui, j’aime les gars, je les trouve beaux. Cependant, je n’ai pas besoin de parler de Ryan Gosling pendant une soirée de temps. De toute façon, je penche plus pour Joaquin Phoenix ou Adam Driver. J’aime avoir mon propre style vestimentaire. Ce qui ne fait pas en sorte que j’aime particulièrement la mode. T’sais, il m’arrive très souvent de délaisser le vieux jeans troué pour la robe sexy et glamour, le temps d’une soirée. Puis, tu as vraiment le droit de faire ça tout en restant la fille forte que tu es.

Ce qui est drôle, c’est que rien n’a vraiment changé depuis la petite école. Je suis certaine que tu es une des seules de ton cercle d’amies à avoir un amoureux. Comment ça se fait? Tu t’assumes. Tu ne cherches pas le prince charmant. Ça se pourrait aussi que tu sois seule et que le célibat ne te fasse pas peur. Go on girl!

En gros, ce que je cherche à dire, c’est que tu sois une fille forte ou plus fragile, essaie donc d’être juste toi-même. Ça paraît cliché et super moralisateur, mais c’est pourtant tellement simple!

Assume tes petits côtés quétaines. J’ai adoré Eat, Pray, Love, puis Lana Del Rey me fait triper!

Assume que tu es une femme forte et que ces dernières t’inspirent. Frida Kahlo est mon idole et Marguerite Duras m’éblouit.

Assume quand tu es blessée ou émue. L’autre jour, j’ai entendu un musicien de métro faire une reprise de Solsbury Hill, qui me rappelle toujours Vanilla Sky, et mon trajet de retour en transport en commun fut accompagné de quelques larmes salées.

Assume.

Parce que si les filles s’aimaient, ne se jugeaient pas entre elles et s’acceptaient comme elles sont (fragiles, quétaines, girlys, fortes, indépendantes, name it!), il me semble que le monde serait plus beau.

T’sais, en plus, tout commence avec les filles…