Je suis en amour avec mon boss pis c’est un problème

J’étais très au courant de l’expression «Don’t f*** with the payroll». Je me souviens l’avoir textée à une de mes amies avant qu’elle ne couche avec le gérant de son bar. En l’écrivant, je pensais juste pas qu’une de mes amies aurait à me la texter à son tour. C’est pourtant arrivé.

Je me rappelle encore de mon entrevue pour mon poste en marketing et relation de presse. J’avais mis des escarpins beaucoup trop hauts, une chemise dans laquelle j’étouffais un p’tit peu et ma paire de lunettes qui me donne un look intellectuel, mais cute. Bref, je me ressemblais pas pantoute, moi qui suis normalement en Dr. Martens et t-shirt XL. J’étais un peu trop d’avance et clairement trop timide pour la job pour laquelle je postulais.

Mon futur patron est arrivé pour me passer en entrevue, tandis que je shakais de l’intérieur en me demandant ce que je faisais là. Je l’ai vouvoyé 10 fois de suite, si ce n’est pas plus, et lui m’a repris 5 fois, en me souriant gentiment: «Non, mais tu peux me tutoyer et m’appeler David*.»

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J’étais impressionnée par le trentenaire qui se trouvait devant moi: un entrepreneur qui avait réussi à se forger une place notable au sein du monde des communications, mais qui restait toutefois très humble face à cela.

Malgré mes mains moites et mon visage qui passait de la teinte cadavérique à rouge cramoisi aux 2 secondes, David m’a engagée dans son agence (ce que j’ai évidemment fêté avec un bon Bulles de Nuit cheap).

Tout allait bien au début (well, une fois que j’ai réussi à tutoyer David comme le faisaient tous mes autres collègues). Les problèmes ont commencé à se pointer le bout du nez lorsque je me suis rendu compte que j’avais un gros crush pour mon boss et qu’éventuellement, je suis tombée amoureuse de lui.

Tout comme lui, j’étais celle qui partait le plus tard de l’agence. Il arrivait donc souvent qu’on prenne le métro ensemble et qu’on discute jusqu’à ce qu’on se sépare à nos stations respectives.

Métro

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C’est donc ainsi que j’ai découvert que David avait une passion pour la littérature britannique, que sa mère faisait la sauce à spag’ la plus savoureuse au monde (comme toutes les mères qui existent, of course), qu’il avait déjà voyagé dans 15 pays différents et qu’il était allergique aux chats, mais pas aux chiens ni aux acariens. J’ai donc appris plein de choses du genre sur lui: le commun des mortels aurait trouvé ça assez insignifiant, mais pas moi. C’est normal, je l’aimais.

Rapidement, je me suis mise à me lever beaucoup plus de bonne humeur pour aller au boulot, et ce, sans même avoir pris une seule gorgée de mon café, parce que j’allais faire la job que j’aimais et parce qu’en plus, j’allais y retrouver mon patron.

Évidemment, tout ce bonheur teinté d’une couleur rose pastel n’allait pas durer. Par un mercredi pluvieux, mon boss m’a convoqué dans son bureau vitré. Il voulait me parler d’un dossier important sur lequel j’étais en charge. Selon lui, je m’étais pas assez appliquée et je lui avais remis un projet bâclé. C’est vrai qu’au moment de faire le projet, j’étais pas mal dans la lune. J’étais probablement en train de penser à nos futurs enfants et à comment je les appellerais (Jérôme? Nadine? Dorian? Nan…). Mais bref, les faits sont qu’il y a une grosse différence entre se faire réprimander par son boss et par le boss dont on est amoureuse. Mettons qu’on le prend un peu plus personnel dans le deuxième cas… J’ai donc éclaté en sanglots, ce que les murs totalement TRANSPARENTS de son bureau ont eu un peu de misère à cacher.

Bureau

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Mon professionnalisme s’est alors évaporé aussi rapidement que le malaise s’est incrusté dans la pièce. C’est à ce moment-là que j’ai su que j’avais deux choix: dealer avec mes sentiments ou changer de job!

J’ai pris mon après-midi pour réfléchir. Le lendemain, je suis allée voir David pour m’excuser de mon attitude et lui ai dit que ça ne se reproduirait pas #adulting. Si l’expression «Don’t f*** with the payroll» est vraie, le proverbe «Le temps guérit tout» l’est tout autant. J’arriverais forcément à me gérer.

Maintenant, je suis la première à arriver au boulot, soit à 6h00 tapant. Ça adonne bien, car mon copain termine également très tôt. Mais bon, ça m’empêche pas d’apprécier l’odeur du parfum Calvin Klein de mon boss chaque fois qu’on a une réunion, wink wink.

*Nom fictif.


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