L’amour bilingue

Entre nous, c’est le français qui a gagné au quotidien, et ce, même depuis qu’on s’est installé en Angleterre. Les mots doux et les blagues qu’on partage sont en français. Si nous devons discuter ensemble d’un sujet sérieux ou si nous sommes fatigués, c’est chacun dans sa langue respective que ça se passe. Quand on sort, pour que personne ne nous comprenne, on discute dans ma langue maternelle, le français. Par contre, les séries télé et les films qu’on regarde sont presque tous sans exception en anglais. Avec nos amis et familles, c’est bien souvent ce qu’on aime appeler «la grande conversation canadienne», où le français et l’anglais se côtoient joyeusement.

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J’ai grandi dans une maison où la langue de Molière se mélangeait quotidiennement à l’espagnol. Mon père est Mexicain et ma mère est Québécoise. Dès notre plus jeune âge, mon père nous a parlé dans sa langue maternelle pour nous faire l’oreille. En arrivant au Québec, il ne parlait pas un mot de français et ma mère, pratiquement pas un seul mot d’espagnol non plus. Avec le temps, ils ont appris à communiquer dans la langue de l’autre. Chez mes parents, même si le français est la langue commune, le café du matin, lui, se commande en espagnol. Les petits noms affectueux sont également en espagnol. Et si ma mère s’adresse à moi dans la langue de mon père, je sais que je suis dans le trouble!

L’amour bilingue, c’est un jeu quotidien où on apprend les subtilités de la langue de l’autre ou de drôles d’expressions qu’on n’a jamais entendues avant. C’est comme voyager là d’où vient notre moitié et comprendre les références culturelles avec qui il ou elle a grandi. Il arrive parfois à notre cerveau de réfléchir dans une langue et à la bouche de communiquer dans l’autre. On se retrouve alors avec des mots qui empruntent un peu des deux langues, des mots qui n’existent pas vraiment. C’est comme s’inventer un langage secret à deux.

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L’amour bilingue demande de la patience, de l’écoute et de l’indulgence. Parce que oui, ça crée souvent de petits malentendus! C’est parfois aussi accepter de montrer ses faiblesses devant l’autre quand le niveau de langue n’est pas le même pour les deux et qu’on se sent un peu moins soi-même. Par exemple, je me considère clairement moins vive d’esprit et drôle en anglais. En fait, je me trouve incapable de faire une bonne blague! D’où le problème de certains malentendus…oups! Heureusement, rien de tout ça n’est un problème lorsque l’amour s’en mêle.

Et toi, comment vis-tu ta relation bilingue?