« Salope. »
« Salope. »
C’est l’étiquette que la société lui colle dans le front pour lui donner « moins de valeur », comme un objet usagé vendu pour moins cher. C’est celle que ses parents lui disent de ne pas être, celle que les femmes backstabbent, celle à qui les hommes manquent de respect.
« Tu devrais avoir honte de qui tu es, c’est probablement un problème avec ton père, mais ce n’est pas de mes affaires de toute façon. Mais la quantité de queues que tu suces montre seulement que tu n’as aucune valeur. Tu te vends, tu veux être une pièce de viande et tu vas être traitée comme telle. Je suis seulement désolé que tu ne te respectes pas. Comment pourrait-on te respecter dans ce cas? Tu as bien de la maturité à apprendre et tu dois travailler sur toi-même et ton niveau de confiance. Tu te donnes simplement une excuse pour être une salope en disant que « tu es comme ça ». Tu veux qu’on se serve de toi? Pas de problème, mais je vais te traiter comme une salope mérite d’être traitée. »
– Message anonyme (traduction libre)
« Salope. »
À l’âge où elle ne sait même pas comment être sexy, elle l’est déjà. Ses grandes jambes, qui font que sa jupe d’uniforme scolaire non raccourcie est trop courte, l’amènent constamment au bureau du directeur. Elle est vulgaire. Et il faut qu’elle apprenne à « s’habiller convenablement afin d’avoir une tenue respectable lorsqu’elle entrera sur le marché du travail ». Alors qu’on dit vivre dans une société où la femme peut se démarquer par son intelligence plutôt que par son corps, il reste que plusieurs croient que plus une femme dévoile de peau, plus elle perd de QI. Valorise-t-on un nouveau modèle de femme ou un nouveau carcan?
C’est qu’il y a des règles.
« Tu dois attendre de sortir avec lui pendant au moins deux mois et qu’il te dise qu’il t’aime avant de faire l’amour avec lui ».
« Salope. »
La petite fille grandit, sa mère lui dit: « Commence par avoir un rendez-vous, le tenir par la main, l’embrasser sur la joue… ». Et la société renchérit en disant qu’une « fille ‘facile’ se manque de respect et n’a pas autant de valeur qu’une autre ».
C’est à croire que lorsqu’une femme couche avec un homme, elle lui offre une partie d’elle pour son plaisir à lui, et que c’est pour cela qu’il est important de n’ouvrir la porte qu’à un homme important. Si au contraire elle décide de faire ce qu’elle veut avec la (ou les) personnes qui l’intéressent, c’est la déchéance, elle se fait vite remettre à « sa place » : « Il y a les femmes à marier et les femmes à baiser. Toi, t’es une femme à baiser. »
Une femme qui assume sa sexualité, ses désirs et ses envies est-elle une salope?
Non. Elle est simplement fidèle à elle-même. Ne pas suivre ses désirs simplement dans le but de bien paraître, c’est ça, le véritable manque de respect envers soi.
Mais voyons, « Elle le fait pour avoir de l’amour, de l’attention ». Remettons les pendules à l’heure : les femmes ont toujours eu des désirs sexuels. Elles peuvent avoir envie d’un homme (oui, oui!). Pour la nuit ou pour la vie, c’est leur choix. Et rien ne justifie d’en insulter une parce qu’elle a su avoir ce qu’elle voulait.
Ses actions ont-elles un impact sur la vie des autres? Certainement pas. Le mal, c’est ceux qui prennent plaisir à humilier, qui disent qu’elle l’a mérité quand un gars lui manque de respect.
Si c’est ça être une salope, je préfère être une salope qu’une lâche.
Par Charlotte Poitras
Collaboratrice spontanée
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