À toi, mon creux de vague

Il faut vraiment arrêter, que tu m’aurais probablement dit. Sauf qu’au lieu de ça, tu n’as pas prononcé un mot. Pourtant, en quittant ton appartement ce matin-là, nous savions très bien tous les deux qu’il n’y aurait pas de prochaine fois. Ça devenait trop fréquent, mais surtout, trop sérieux pour toi. Fallait cesser tout ça avant que tu ne te fasses prendre à ton propre jeu. Avant que tu ne t’attaches trop.

texte 2Crédit: Cynthia Lauzé / Les Nerds

C’est là qu’on se dit toutes que, nous, on ne sera jamais juste l’autre fille. On ne sera pas celle qui se cache ou celle qui arrive presque au beau milieu de la nuit. La même qui repart au p’tit matin, en entendant le son de la douche qui coule. Un son qui vibre au même rythme que son indifférence à lui; un détachement nouveau qui peut se sentir dans tous les recoins de l’appartement.

Évidemment, on pense souvent que ça va changer. On aime bien se donner assez d’importance pour arriver à croire qu’on est celle pour qui il changera du tout au tout. Jusqu’au jour où on pogne notre creux de vague. Pour moi, c’était carrément toi, mon creux de vague. Une vague vraiment puissante lorsqu’elle se soulève et qui détruit tout lorsqu’elle retombe. Comme notre amour fragmenté. C’est beau, une vague, mais ça ne dure jamais longtemps.

Avec lui, mes priorités prenaient un tout nouveau détour. Je ne m’étais pas perdue en cours de route, je m’étais seulement arrêtée pour faire le plein. Ou du moins, c’est comme ça que je voyais notre relation. Mais c’est exactement ça qui arrive lorsqu’on aime faire les choses qu’on sait qu’on ne devrait pas.

waveCrédit: Unsplash

C’est exactement de cette façon que je suis repartie au p’tit matin. Dans mon creux de vague. Mais c’est aussi à ce moment-là que j’ai su que je ne serais plus jamais l’autre fille. C’est en partant que j’ai réalisé que je valais mieux que ça.