De grâce, ne vous séparez pas!
Tous mes amis proches sont au courant, si vous désirez mettre fin à votre relation de couple, vous devez me donner un préavis.
J’ai besoin de temps pour gober la nouvelle avant que vos amis Facebook voient ce changement de statut et que votre ancienne moitié commence à jouer à Tinder. J’ai besoin d’un temps tout court.
Ce n’est pas de mes affaires. Ce n’est même pas proche de l’être, pis je suis sûre que vous allez trouver une façon de recommencer à être heureux chacun de votre bord. Mais vos séparations me vont droit dans le sternum parce que je déteste les fins. Je déteste me dire que les dimanches de brunch, football et «je t’aime» se transforment en matins hangover et en solitude. «Non, mais, t’es sûre?» que je lui ai demandé, t’es sûre que c’est plus possible? Vous pouvez vraiment plus rester ensemble? Siouplaît, essaie donc encore un petit peu.
Pis évidemment, ce n’est pas trop dur de commencer à refléter cette cassure-là sur ma propre vie. Si eux, aussi beaux qu’ils fussent, aussi amoureux qu’ils fussent, n’ont pas réussi à trouver le bout de leurs différences, il va nous arriver quoi, à moi pis à ma volonté de me balancer sur le porche de ma maison pis juger les voisins avec le même monsieur qu’aujourd’hui? On va tu vieillir dans le même sens? Nos journées sont-elles comptées? Est-ce que je suis trop sur son dos? Est-ce qu’il me rend vraiment heureuse?
Quand des gens autour de moi ont vécu 7 ans ensemble et qu’ils décident de prendre des chemins différents, j’ai envie de mettre ça sur pause. J’ai envie de revenir là où le bât a blessé pour essayer de recoller leurs coeurs qui sont partis à sens inverse, comme je l’aurais fait avec mes relations antérieures. Ils représentaient tout ce que je trouvais de beau dans l’amour avec un grand A, j’espérais que vivre toute sa vie d’adulte avec le même torchon/guenille se pouvait pis qu’ils allaient renverser les stats pour que les autres aient aussi envie de s’investir et que ça fonctionne. Que ce n’était pas vrai que ma génération choisissait ses histoires à la carte, sans ketchup et avec extra fromage.
Fait qu’en attendant, je n’aurai pas le choix de continuer à demander des préavis, et à m’assurer de tout faire pour pas que ça m’arrive. Pour faire preuve de tolérance et de regarder son nombril à lui aussi, pas juste le mien. Je n’aurai pas le choix de ne rien prendre pour acquis et me demander chaque jour : est-ce que j’ai agi dans notre intérêt ou seulement le mien?. Je n’aurai pas le choix non plus d’accueillir à bras ouverts le nouveau chum de Marie, comme j’avais fait pour le précédent.
Parce que, voir des gens qu’on aime mettre fin à leur amour, c’est un petit deuil de ce qu’on espérait voir nous aussi. On espérait les croiser heureux, 5 ans plus tard, avec un p’tit loup dans le bide. On espérait voir leurs photos de voyage pis être jaloux encore bien des années. Parce que c’est aussi ça l’espoir, c’est que nos modèles restent stables pour nous donner quelque chose en quoi croire. En quoi avoir confiance à la vie.
Par Chanel Garceau
Collaborateur spontané
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