Il faut qu’on se parle.
Marie : Faut qu’on parle. Tu veux t’assoir ?
Nicolas : Non, merci.
Marie : Tu veux t’assoir.
Nicolas : Je sais, le ménage. Je vais le faire ce soir promis.
Marie : Non, c’est pas ça. Je peux juste pu garder ça pour moi.
Marie s’apprête à quitter Nicolas. Marie n’aime plus Nicolas, Marie aime Mathieu, l’ami de Nicolas. Nicolas ne se doute de rien parce que Nicolas aime Nicolas et les soirées qui finissent tard avec ses chums de gars. Il est convaincu que c’est encore une histoire de ménage. Mais pas cette fois. Après tout, ça fait six ans que son couple passe au travers des tempêtes. La plupart du temps, il suffisait d’une bonne bouteille de rouge et de lui faire l’amour toute la nuit. Ou encore de la surprendre en envoyant un beau bouquet directement à son bureau. Mais pas cette fois. Nicolas ne se doute de rien parce que Nicolas a acheté une bague pour Marie la semaine dernière. Un beau bijou. Il attendait le bon moment.
Marie : J’ai rencontré quelqu’un.
Nicolas : Quelqu’un ?
Marie : Les deux on était déjà rendu ailleurs, tu sais bien.
Nicolas : Dis-moi pas que c’est Mathieu ?
Marie : Nic…
Le reste de la scène est un peu flou. Nicolas se lève brusquement, fait tomber la chaise derrière lui, défit Marie du regard, qui reste impassible. En une fraction de seconde, il
comprend que cette fois une bouteille de vin, faire l’amour, envoyer des fleurs ou les trois actions combinées ne sauveront pas les meubles (la plupart appartiennent à Marie, de toute façon). Nicolas se met à chercher dans l’appartement, il court littéralement. Il revient avec une petite boîte blanche dans une main, la dépose sur la table devant Marie.
Nicolas : Je sais que c’est trop tard, mais moi non plus j’peux pu garder ça pour moi.
Il ouvre la petite boîte et expose son contenu, il fixe Marie des yeux. Son instinct de survie embarque. Elle retourne son regard, d’abord perplexe, alors qu’un presque sourire s’installe au coin de ses lèvres.
Marie : Une boîte vide ?
Nicolas baisse les yeux et constate l’impensable. La bague n’y est plus. Rien. Il se remet à courir frénétiquement, il fouille partout. Il lève un divan, pousse le lit, tasse le chat. Toujours rien. Après le marathon sur 600 pieds carrés, il revient s’assoir à la table, plus seul que jamais.
Marie était déjà ailleurs.
Nicolas n’a pas pris d’assurance en cas de vol pour son appartement. Valait mieux économiser pour la bague.
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