La première fois de ma vie où j’ai lâché prise
Tout d’abord, je pense à mon petit frère, parce que je le vois du coin de l’œil. Je repense à tous les bons coups, les chicanes, mais je vois surtout un homme formidable qui se construit. Je me souviens encore de la première fois où on se parlait de nos relations amoureuses… À ce moment, je suis remplie de fierté de le voir si grand, courageux et fébrile.
Mon amoureux vient ensuite se mêler à mes pensées. Quelle chance incroyable de l’avoir à mes côtés. De pouvoir partager ma vie avec un drôle de gentleman qui m’accompagne dans tous mes projets et qui m’encourage dans mon monde professionnel.
Évidemment, le travail arrive maintenant. J’adore mon univers, même s’il est exigeant, stressant et demande mon attention 24 heures sur 24, je suis privilégiée de faire un métier qui me passionne et qui me surprend tous les jours.
Étrangement, viennent ensuite les mauvais scénarios. Très obscures. Les pires blessures, les flashbacks les plus trash.
Après quelques minutes de réflexion là-dessus, j’en suis venue à la conclusion que ma vie est une suite de péripéties les plus folles les unes les autres. On pourrait quasi en faire un film d’aventure et encore là, même Bruce Willis ne voudrait pas du mandat. Il serait découragé et n’y croirait pas. J’ai un train de vie assez chargé et stressant, ce qui fait en sorte que je ne décroche jamais à 100%. J’ai beau m’entraîner, faire du yoga, lire, écrire ; je reste toujours scotchée à une arrière-pensée. Là, j’étais à quelques secondes de briser cette routine. De me lancer dans le vide.
Je savais que la seule chose que j’allais posséder, c’était le moment. Et même là, on ne le possède pas réellement, parce qu’à la seconde où on le traverse, il est déjà terminé et il devient souvenir. J’allais juste vivre. Sans rien contrôler, sans réfléchir. Simplement le vide devant moi.
Avant d’y arriver, j’avais pris cette décision avec ma petite personne. J’allais laisser toute la « marde » que je trainais en haut. On va se le dire, crime que la vie peut nous mettre à terre des fois. À un tel point qu’on n’a plus d’énergie pour croire en rien. On devient notre ombre, on se dégoute, on n’est plus capable de rien. Ces feelings là, je ne les voulais plus. Je n’ai plus envie de consacrer mon énergie à ces souvenirs. J’étais sur le point de faire un deuil et de pardonner.
J’entends encore l’instructeur me sortir de mes réflexions et me dire que c’est bientôt le moment de sauter de l’avion. Je choisis d’en sortir en faisant quelques vrilles arrière. Après tout, tant qu’à se garrocher en bas, aussi bien le faire d’une façon épique et mémorable.
Les minutes qui ont suivi mon saut furent magiques. Je ne m’étais jamais sentie aussi en vie, libre, invincible, forte, épanouie et en pleine possession de mes moyens. Je sentais les frissons traverser mon corps, mon cœur accélérer et le vide s’installer dans ma tête et mon cœur. L’adrénaline dans le tapis. J’étais en chute libre. Je vivais chaque seconde intensément. Même si j’avais voulu réfléchir, j’en aurais été incapable. J’étais trop captivée par l’instant présent. Chose qu’on met souvent de côté.
Les plus belles minutes de ma vie. Dès que mes pieds ont touché le sol, je me suis promis deux choses. La première était que je devais resauter un jour, #epicreaction. La deuxième pensée, je la dois à mon petit frère. À la seconde où je suis allée le retrouver sur la piste, j’ai vu son sourire et son regard apaisé. Je me suis jurée que je voulais vivre ce high le restant de ma vie. Ce bonheur d’être entourée des gens que j’aime, qui me supportent et qui, peu importe la chute que je ferai, seront l, à attendre que je me pose pour me retourner le sourire que je leur donne.