On l’a testé: une semaine sans cellulaire!
Mercredi matin, 7h24. Le défi est amorcé. Le mot «défi» est fort pour ce qu’est vraiment cette expérience. Il y a une dizaine d’années, comment faisions nous sans aucune technologie? On se divertissait autrement? «On s’organisait!», comme dit ma mère. Bien qu’il s’agisse d’un effort considérable de laisser tomber cet appareil désormais essentiel dans nos vies pendant un certain temps, j’éprouve de la difficulté à utiliser le terme «défi» puisque techniquement, on devrait facilement s’en passer. Prochain défi? AUCUNE technologie pendant une semaine. À ce moment là, le mot «défi» sera plus qu’adéquat.
Je ne me considère pas vraiment comme une ACCRO au téléphone cellulaire. La vérité? Bien sur que je le suis. À notre ère, nous le sommes tous, ou presque. Le cellulaire, c’est désormais la continuation de notre main. C’est une réelle proximité entre l’humain et le gadget. C’est ce que souhaitait Steve Jobs lors de la création du premier iPhone, il y a moins de 10 ans. Le regretté a relevé le défi avec brio : il a crée une véritable dépendance. C’est désormais un besoin.
Dès que je me met à penser à certaines informations comme à l’heure, à la date et à l’actualité, il se crée comme une connexion invisible entre ma tête, mes doigts et cet objet qui n’est visiblement plus au creux de ma main, comme à l’habitude. Au début de ma semaine sans téléphone cellulaire, cette adaptation a fait place à quelques situations cocasses.
Top 10 des réactions spontanées pendant mon «défi»(tenez vous bien, c’est assez niaiseux) :
- L’album Nevermind de Nirvana est sorti en 1991. Ça veut dire que le bébé tout nu sur la couverture doit être rendu grand! Je vais aller faire des recherches… Ahh… Non non.
- Dans Taxi Payant, Alexandre Barrette affirme que Cléôpatre et César avaient 32 ans de différence. Je vais aller vérifier cette information. Pas maintenant.
- Je me demande s’il va faire chaud aujourd’hui… [Je tend ma main dans mon sac pour regarder l’application de Météo Média]. Euhh… Non. Aujourd’hui, je devrai me passer d’informations possiblement fausses. Pis anyway, que je regarde ou non la météo, elle va rester telle quelle. Cette expérimentation m’ouvre les yeux sur des évidences de la vie.
- Je vais appeler ma mère. Je cherche mon cellulaire du regard autour de moi. Ahh… non. Je dois utiliser un téléphone à ligne fixe. WOUAAAH. C’est quoi son numéro déjà…
- Mon grand-père enregistre un nouveau message sur sa boîte vocale. Pour le rassurer, je lui propose d’appeler à son domicile à partir d’un autre téléphone pour l’entendre. «Attends grand-papa, je t’appelle…… ohhh….Non. Oups. Je peux pas. Désolée.» Quel faux espoir.
- Je me rends chez un ami pour la première fois. Je sors du bus. Je sors Google Maps…… Ah ben non hein. DÉBROUILLARDISE.
- Wow! La nouvelle chanson de mon groupe préféré vient d’être mise en ligne. Je vais la rechercher sur YouTube et la mettre sur mon haut-parleur Bluetooth. Sauf que pour utiliser le Bluetooth, il me faut…. Mon cellulaire. Ah ben.
- Tu as LA photo la plus drôle de l’univers sur ton cellulaire et souhaite la montrer à tes collègues de travail pour que tu sois vraiment in. Ahh… Non. Ce sera pour la semaine prochaine! L’instantanéité est en déclin.
- Au travail. Après cette journée-là, je souhaitais seulement m’écraser sur un siège bien mou, popcorn trop salé à la main tout en savourant un petit film à l’eau de rose. Pour gagner du temps, je vais consulter les horaires des représentations du cinéma sur mon… Hé merde. Ben non. Ça va attendre à la maison.
- En voiture, je vais acheter quelques petites choses sur ma liste. «Je me demande à quelle heure le Dollarama ferme aujourd’hui… Je vais vérifier…» [Mouvement de main tendue vers une sacoche vide] Oups. Je crois bien devoir m’y rendre pour voir. C’était fermé. Une belle nouille.
Ce petit gadget nous aurait-il fait perdre notre autonomie? Il semblerait bien que oui, sur certains points. C’est connu, l’Homme s’adapte. Maintenant, toutes les réponses de l’univers (ou presque) sont disponibles sur Internet. Le téléphone intelligent nous permet de les consulter à toute heure du jour et de la nuit et ce, à une proximité inégalable. Il est bien plus tentant d’obtenir réponse à sa question en quelques secondes sur un appareil de la grosseur d’une poche et ce, sans même devoir se déplacer. Maintenant, tout est conçu pour que plus aucun effort ne soit déployé de notre part.
Après avoir passé une semaine sans téléphone cellulaire à ma portée, j’ai réalisé que la débrouillardise, même si le mot est fort dans ce cas, nous forge et ce, énormément.
Essayez-le: laissez votre téléphone cellulaire à la maison le plus souvent possible. Rapidement, vous verrez qu’en s’habituant un peu, vous ne sentirez plus le besoin de l’avoir à vos côtés. Vous perdrez ainsi beaucoup moins de temps (on ne se le cachera pas) et vous serez obligé de garder votre tête haute pour voir le monde qui vous entoure! Ainsi, vous ne vous surprendrez plus à verrouiller et à déverrouiller systématiquement l’écran de votre téléphone lorsque vous vous ennuyez, par exemple. Ça vous dit quelque chose?
Pour ma part, m’attacher à ma machine et s’en détacher, ça a sensiblement été la même histoire… Comme quoi l’Homme «s’adapte» drôlement vite, hein!