Lâcher prise

Une personne un peu sage ayant eu l’honneur de me paterniser me l’a souvent répété.

Croyez moi, il n’a jamais dit ça juste «parce que». Sa petite bombe à retardement de fille a bien du sauter 60 mille coches contre l’univers entier . Si ce n’était pas parce que le voisin passait la tondeuse trop tôt, c’était probablement parce qu’un prof quelconque m’avait retiré mon précieux Ipod rose.

Choisir ses combats ce n’est pas comme choisir son Bigmac: y’a des conséquences à ces choix-là, autre que de changer ta frite en poutine. Changer une perception de vie s’apparente pas mal plus à un cocktail Molotov qu’ à un changement de meubles . Je veux dire, c’est quoi au juste un combat qui fait sens? J’ai-tu manqué le séminaire sur les batailles de la vie?

Un beau jour on m’a annoncé qu’une tumeur venait de signer un bail dans ma brassière. Je la comprends tsé, je suis moi-même pas pire fan de Victoria’s secret. Le hic, c’est que je ne pouvais pas la tasser de là moi-même. Je devais attendre et confier le sort de mon pauvre mamelon à un inconnu. Un peu comme si le destin me narguait en me disant: Hey girl, what you gonna do ?

J’ai eu le souffle coupé.

Parce que t’as beau vouloir tout contrôler et être trop bien intentionné, viendra le moment où il faudra bien admettre que la vie, ça joue moins fairplay que toi pis que tu vas finir par atteindre ton niveau d’incompétence dans ta gestion de l’ingérable. T’auras frappé ton mur, le vrai. Pis là ben, il va rester quoi d’autre comme option que laisser aller?

Ça ne sera pas faible, ça ne sera pas lâche. Ça voudra pas dire que t’es chicken pis que t’as abandonné , ça voudra juste dire que tu reconnais que tu ne pouvais rien y faire, que ton anxiété de non- contrôle ne sera pas victorieuse. Repète ça tant qu’il le faudra: tu n’y pouvais rien. Que de garder toutes ces choses qui rendent ta vie misérable ne faisait que t’empêcher d’être heureux.

Lâcher prise ce n ’est pas forcément qu’au sens  figuré, c’est physique. C’est vital. C’est retirer son énergie de là où elle était perte totale pour la ramener vers ce qui a du sens et qui te rend heureux et fort. C’est se reposer la tête le temps de voir plus clair après avoir lutté trop longtemps contre son ombre.

Reconnais-le, une partie de toi a trop longtemps refuser de lâcher prise par peur de ce qu’il allait se passer ensuite. Comme si le combat, aussi lourd et brutal soit-il, te définissait en quelque sorte. T’allais faire quoi après la lutte? T’allais être qui sans lui? T’allais exister pour quelle raison? T’étais qui avant que ça arrive?

La bonne nouvelle c’est que tu vas revivre, un combat inutile laissé de côté à la fois.

Par Chanel Garceau
Collaborateur spontané

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