L’amour m’a saoulée
Vendredi, je suis allée dans un party avec des anciens amis du Cégep que je vois jamais. Des gens avec qui j’ai emprunté la voie houleuse des salutations malaisantes de coins de rue:
– Hey.
– Hey.
– …
– Bon, ben.
– Bye.
Malaisant comme ça.
Ou pire.
J’étais pas sortie depuis la fin août et, avant de commencer ma vie d’adulte où le temps libre devient un mirage plus qu’autre chose, je sortais tous les soirs. À repenser aux lendemains, je parie 100 piasses avec moi-même que cette époque-là est plus scintillante dans mes souvenirs.
Bref.
J’ai des amis correct nices qui ont des idées correct connes. Fait que, pour nous gâter, gens adultes qui ne sortent plus autant qu’avant, mes amis du Cégep ont eu l’incroyable et délicieuse idée de «icé» les personnes présentes. Les personnes présentes étant moi surtout.
Pour ceux qui ne connaissent pas ce jeu-là, c’est simple comme le mal de cœur qui vient avec:
1- On cache de la Popper’s un peu partout.
2- Quelqu’un trouve une bouteille.
3- Il la cale.
Voilà.
Ah ouin, aussi, tout le monde cri: « ice, ice, ice ». Pour rien, pour ajouter à la niaiserie de tout ça. Fin de l’explication. Avez-vous trouvé le plaisir là-dedans? Moi non plus. Malgré tout, vendredi soir dernier, j’ai décidé de caler les Poppers que j’ai trouvées, parce que ça faisait longtemps que j’étais sortie pis que ça avait d’l’air drôle quand je voyais mes vieux amis cons le faire.
Bon.
Samedi matin, mon réveil sentait le regret. En buvant ma troisième tasse de café, les cheveux mêlés, j’ai repensé à ma dernière relation de couple. Mon amour d’été.
Après quatre grosses années de célibat, l’idée de me trouver un humain avec qui rire le matin en ouvrant les yeux me chavirait l’intérieur. Je regardais le monde en couple autour de moi, en me rappelant les souvenirs de mes relations passées. Je trouvais ça donc beau d’avoir quelqu’un à aimer, ne serait-ce que pour une saison.
C’est dans cet état-là, qu’au début de l’été, j’avais rencontré quelqu’un, pis que je m’étais dit why not, peanut! (On choisit pas les expressions avec lesquelles notre cerveau s’exprime, désolée.) C’était magnifique pour les deux semaines où l’aveuglement de l’amour neuf a duré. Avant que le laid déborde du beau, avant que le vrai déborde du faux.
Avant le mal de coeur.
Je me répétais que c’était moi le problème. Que j’étais une déficiente du cœur. Je me battais contre moi-même pour essayer de faire comme les autres. Les relations, c’est supposé être doux. L’amour rend heureux. Un moment donné, y’a fallu que je me choisisse.
Lentement, je prenais conscience que j’avais sauté dans une relation beaucoup trop vite. Ça m’a pris du temps pour comprendre que j’étais prise au milieu d’un couple dans lequel j’avais pas vraiment envie d’être. Fait que, j’ai ramassé tout mon courage, pis je me suis choisie. Moi, plutôt que l’amour après lequel on court comme on cherche les shooters gratuits.
Ça d’l’air naïf comme comparaison, ce l’est un peu. Sauf que, dans tous les cas, j’ai sauté sur la première occasion d’avoir ce que les autres chérissaient pis ça m’a mis à l’envers. J’étais pas dû pour me bourrer d’alcool cheap sucré comme j’étais pas dû pour me blottir dans une relation qui me faisait feeler croche.
T’as beau avoir des envies de te saouler, c’est pas en te donnant mal au cœur que tu vas passer une belle soirée. Sur papier, de la Poppers, ça presque l’air d’une bonne idée. Mais dans les faits, ça se termine jamais vraiment mieux qu’en cauchemar.
Pour ce qui est de l’amour, c’est con, mais ça prend du temps. Ça vient quand ça vient, même si ça vient pas souvent pis que l’hiver qui approche nous donne le goût de nous cacher dans n’importe quel torse qui passe, juste pour sentir un peu de chaleur.
Ça sonne beau. Ça doit être doux.
Pis quand t’auras trouvé de quoi qui te convient, ce le sera pour vrai.
En attendant, c’est correct de refuser de caler de la Poppers pis de juste rire quand t’entends « ice, ice, ice » dans la pièce d’à côté.