Le polyamour: est-ce que c’est pour moi?

Lorsqu’on parle de polyamour à des gens qui sont peu familiers avec le concept, on fait souvent face à deux réactions : «Ah non, moi je serais jamais capable» ou son opposé, qui vient souvent avec un petit regard cochon : «Trop cool, le meilleur des deux mondes». On a tendance à voir ça d’un regard tout noir ou tout blanc, alors qu’en fait, pour arriver à vivre des relations polyamoureuses saines, il faut avant tout être conscient des tonnes de nuances que ça implique.

Mais qu’est-ce?

La première chose à savoir, c’est qu’il n’y a pas de modèle unique de relation de ce genre. Au contraire, le polyamour est né en opposition au modèle monogame unique et standardisé dans notre société – se rendant compte qu’ils ont du mal à entrer dans le moule, certaines personnes ont choisi de chercher des solutions alternatives qui pourraient les rendre heureuses. Il s’agit donc de construire ses propres règles au fur et à mesure, pour éviter les relations où les bases seraient écrites d’avance et ne conviendraient pas forcément.

Le polyamour, qu’on qualifie aussi de non-exclusivité ou de relation ouverte, se base sur l’idée que l’amour que l’on peut offrir n’est pas quelque chose de limité ; aimer ne veut pas dire posséder, bref, le polyamoureux a plusieurs partenaires sexuels/amoureux.

C’est là que, pour certains, c’est un NON direct. En fait, si on dit qu’il faut d’abord bien se connaître avant de se lancer dans une relation, je crois que c’est d’autant plus vrai pour les relations non exclusives. Si on sait d’avance qu’on est une personne très jalouse, ça ne sert à rien de se faire du mal juste pour dire qu’il fallait l’essayer. Et ça reste vrai pour ceux qui ne sont pas particulièrement jaloux non plus : comme il y a beaucoup de genres de relations polyamoureuses différentes, il est important de bien se connaître pour trouver ce qui nous convient.

Source: rhetcomppolydiss.wordpress.com

Source: rhetcomppolydiss.wordpress.com

Par exemple, dans la polyfidélité, les personnes ont plus d’un partenaire, mais ceux-ci sont tout de même déterminés et exclusifs. Il y a aussi moyen d’avoir un partenaire principal et quelques relations secondaires, ou de tout simplement avoir plusieurs partenaires à la fois. Encore là, il se cache tout un paquet de nuances derrière ces gros titres.

Pourquoi?

Beaucoup de gens ont tendance à croire que les polyamoureux sont incapables de s’impliquer sérieusement dans une relation, mais ce n’est pas forcément vrai. Après tout, on trouve des couples mariés qui se prêtent aussi au jeu, et ça ne les empêche pas d’avoir choisi d’être très engagés auprès de leur partenaire.

En fait, les polyamoureux ont bien souvent une définition différente de ce que signifie l’engagement. L’idée de posséder quelqu’un ne fait pas partie de leur vision de l’amour, et ils préfèrent être honnêtes avec ça dès le départ, pour éviter d’être de ceux qui prônent la fidélité et qui finissent par aller voir ailleurs. En mettant l’honnêteté et la liberté au premier plan dans leurs relations, les polyamoureux cherchent une autre façon d’être honnête avec leur partenaire qu’en s’interdisant des rapports sexuels avec d’autres personnes.

Comment?

Tout ça, c’est bien beau en théorie, mais c’est en pratique que ça se complique. Il est facile de dire qu’on ne veut pas empêcher l’autre de vivre, ça ne veut pas dire que toute situation se déroulera le plus naturellement du monde. En fait, malgré nos idéaux, se lancer dans ce genre de relation peut être plus difficile que prévu, car, même si on s’oppose au couple tel que vécu plus largement, il s’agit tout de même du modèle auquel on est le plus habitué. Notre désir de s’insérer dans certains cadres sociaux peut parfois ressurgir de façon inattendue.

C’est toujours plaisant de se dire qu’on peut se trouver un plan B quand notre partenaire principal ne peut pas, mais ça peut être plus difficile à gérer quand c’est notre partenaire qui se sauve avec un plan B qui ne nous plaît pas.

Il faut donc en parler beaucoup, et souvent. Des fois, on découvre ce qui nous met est à l’aise ou pas au fur et à mesure : on croit qu’une certaine situation serait correcte, mais quand on la vit c’est une autre histoire. Alors il faut faire des mises au point. L’important, c’est de réussir à avoir une bonne communication avec les personnes impliquées, et de respecter leurs limites. Ce n’est pas parce qu’une personne est à l’aise avec certaines choses que l’autre personne l’est forcément, alors il est important d’être vraiment à l’écoute et d’éviter d’imposer quoi que ce soit.

Le polyamour n’est pas pour toujours non plus. On peut être dans une relation ouverte un certain temps, vivre ses trips, puis décider qu’on voudrait retourner vers la monogamie ensuite ; au contraire on peut commencer par une relation fermée et se rendre compte que même si on s’aime beaucoup, il y a certaines choses qu’on aurait envie de vivre sans, pourtant, mettre fin à notre relation.

En gros, le polyamour, c’est avant tout une histoire de communication ; c’est l’idée de vivre avec certaines personnes des relations amoureuses uniques, basées sur les désirs et les limites des personnes impliquées et non pas sur un modèle préconçu qui laisse beaucoup de gens pessimistes. Après tout, amour, engagement et fidélité ne sont pas des mots interchangeables.

Par Valérie JB
Collaboratrice spontanée

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