Aimer en 2014 ou les « on verra si on s’aime »

Y’en a que la chienne d’être tout seul leur pogne violemment à gorge. Leurs fondations shakent ben trop, ils peinent à rester debout face à toute, face au vent qui met plus souvent son linge de tornade que celui de p’tite brise. Ils sont incapables de ne pas détourner le regard devant leur reflet dans le miroir, leur p’tit tout seul insignifiant et ridiculement pas prêt à affronter la vie en pleine face. Avoir des yeux autres que les leurs qui les regardent leur donne l’impression d’existerde signifier quelque chose. Tu t’en fout que ce soit pas pour vrai, au moins tu feel que t’essaies.

Y’a quelque chose de réconfortant à avoir réglé la question de la main qui sera moite dans la tienne pour le meilleur et pour le pire. C’est sans doute pour ça que les gens baissent leurs standards afin de justifier leur engagement avec la première personne baisable et capable de tenir une conversation de base venue.

Un principe qui me fait ben violence dans l’ABC de l’amour de nos jours : les on verra si on s’aime. Les adeptes du confort de l’habitude, les oh que trop nombreux dépendants-affectifs ou bien les terrifiés-de-l’engagement.

On verra si on s’aime. C’est comme fuir au matin sur la pointe des pieds de peur de réveiller la vraie affaire, qui elle, dort sans pudeur toute nue dans le lit. On se contente d’être une étoile filante dans la vie de quelqu’un au lieu de vraiment prendre le temps de s’y placer, de manière solide, en Grande Ourse.

L’amour ne devrait pas passer le temps dans une trop frette routine. Ça devrait être un besoin profond ne pouvant être comblé que par une seule présence en particulier.

On verra si on s’aime. Peut-être que les autres y trouvent la note de passage sur l’échelle à 10 points du bonheur, mais moi, je ne veux pas me contenter.

Moi, je veux que ça fesse fort. Un solide coup en pleine gueule, mais qui ne fait pas mal, qui me met juste assez chaos pour que quand les p’tites étoiles cessent leurs circonvolutions dans ma tête, le monde tel que je le connaissais soit pareil, mais si différent en même temps.

Je ne veux pas avoir à forcer les affaires, devoir porter une oreille attentive à mon ventre pour confirmer si un insecte quelconque s’y est réveillé. Je veux un électrochoc, un cœur qui veut me sortir du chest, des poumons qui oublient de respirer. Je veux un crash de terminaisons nerveuses dans le corps en entier. Faire fi des conventions d’un sur chaque joue et perdre le décompte des baisers dans sa face. Je veux qu’à sa vue, le corps me shake par pulsions à lui faire l’amour et qu’à ses dires et ses actions, ma bouche se meurt de lui frencher l’âme.

Je veux quitter son appartement en ayant toujours envie de chanter du Taylor Swift à tue-tête dans mon char parce qu’il me fait feeler comme une ado maladroite, qui rit sincèrement, mais too much à chacune de ses blagues, qui déparle et qui perd ses moyens, qui se trouve minuscule et nunuche et qui essaie de rectifier le tir en envoyant un texto de trop. Je ne veux pas avoir à réfléchir. Je veux que ce soit simple, mais juste assez challengé. Je ne veux rien comprendre de ce qui m’arrive et ne pas avoir envie de pousser l’analyse parce que les choses sont imparfaitement à leurs places, pis c’est bon de même. Je veux avoir hâte à demain.

Je veux de la démesure et de la déraison.

Aimer, ce devrait être une évidence. Pas besoin que ça fasse du sens pour en avoir.

Et l’affaire, c’est qu’aimer fait viscéralement mal, souvent. Ta peur des araignées est d’une petitesse comparable à Bambi dans le champ lexical des choses imposantes une fois que la peur de perdre la personne que tu aimes s’est logée un peu partout, brusquement, dans tout ce que t’es. Pour la supporter, cette chienne là, faut être motivé par de quoi qui en vaut la peine. Un quelque chose de si pur qu’il en devient rare, précieux.

Alors cessez d’être avec la mauvaise personne en attendant qu’un peut-être frisson trouve refuge sur votre épiderme. Si ce n’est pas encore arrivé, ça n’arrivera jamais, pas avec cette personne là. C’est comme nager avec un gilet de sauvetage dégonflé. Si tu ravalais ta frayeur, tu te rendrais compte bien assez vite que t’es capable de nager tout seul quand même, tsé.

Et cessez d’avoir peur de ne pas aimer comme du monde. On s’en criss d’aimer tout croche. Tant qu’on aime avec tout ce qu’on a. Cessez d’avoir peur d’aimer tout court. Tsé, tout le monde le sait que j’taime beaucoup ça fait moins vrai, Dédé était loin d’être le plus con de la gang.

Ne laisse jamais personne non plus faire de toi son on verra si on s’aime. Tu mérites quelqu’un que la chienne de te perdre lui pogne à gorge. Tu mérites d’oublier que t’as déjà aimé avant. Tu mérites la vraie affaire, de te reconnaître dans chacun des paragraphes de ce texte.

Je suis peut-être une éternelle romantique quétaine née à la mauvaise époque, c’est peut-être parce que j’ai touché du doigt à quel point l’amour ça peut être grand que je refuse de me contenter de moins maintenant.

Par Karine CA
Collaboratrice spontanée

Tu veux que ton texte soit publié sur lesnerds.ca? Voici comment:
Soumettre un texte spontané