On a oublié de ne rien faire

Les vacances sont l’occasion de faire tout ce qu’on n’a pas eu le temps de faire durant l’année. C’est là qu’on part découvrir un coin de pays, qu’on fait des folies, qu’on dépense. C’est là qu’on s’efforce d’oublier l’école et le travail, de décrocher de notre quotidien. C’est aussi là qu’on prend des photos à mettre en couverture sur Facebook.

Et au retour, on doit répondre à des questions qui sous-entendent une sorte de compétition : «Et puis, tes vacances, c’était comment? T’as fait quoi? T’es allé où? Avec qui?» Chaque année, je suis un peu tentée de romancer le récit de mon voyage pour convaincre les autres que mes vacances étaient sans doute les plus palpitantes, que j’en ai profité pour faire les choses les plus extraordinaires.

Tout ça m’a amené à me questionner cette année. Et si des vacances, c’était fait pour ne pas faire grand-chose, pour une fois? Je me demande même : Aurait-on oublié ce que c’est que de ne rien faire?

«Nous avons oublié ce que les pierres, les plantes et les animaux savent toujours. Nous avons oublié comment être ; être calme, être nous-mêmes, être où la vie se trouve : ici et maintenant.» -Eckhart Tolle

Le rythme de nos vies est plus qu’effréné. Il n’y a pas seulement l’école et le travail à compter dans notre horaire surchargé. On court partout comme des poules sans tête à essayer de faire toujours mieux, toujours plus. On ne veut rien rater. Et si, dans notre quotidien, on avait oublié de se garder du temps pour… ne rien faire? Du temps pour être.

Et si on se créait un quotidien où on n’aurait pas envie de compter les jours jusqu’aux prochaines vacances? Et si on insérait quelques minutes de vacances dans chacune de nos journées? Et si on réapprenait à faire une véritable pause? Pas une pause-Facebook, une pause-Candy Crush, ni une pause-Netflix. Juste une pause. De tout, sauf de soi-même.

Rassurez-vous, je ne crois pas qu’il faille réellement ne rien faire du tout. Je ne crois pas non plus que ça prenne des efforts surhumains. Être, je crois que ça se produit dans des moments très simples. Tellement simples qu’on peut le faire sans s’en rendre compte. En regardant un nuage passer, en prenant un bain, en respirant profondément. Si naturellement. Dans des instants où l’on refuse de se laisser gagner par des contraintes extérieures, ou par nos craintes intérieures. Sans se poser de questions.

Détrompez-vous, je ne suis pas experte en l’art de ne rien faire. Pour l’instant, je n’en suis qu’à l’étape de la prise de conscience. Je n’ai changé qu’un simple détail dans ma vision des choses : Avant, je répétais sans cesse que je n’avais pas le temps de «ne rien faire». Maintenant, je sais que j’avais tort. En réalité, je n’avais jamais pris le temps.

sarah roches

Crédit : Daniel Brodeur Chouinard

Parce que ne rien faire, ça veut dire prendre rendez-vous avec l’inconnu, avec deux choses qui me font peur : le temps et moi.