Réussir avec un trouble déficitaire de l’attention
J’ai finalement visionné (15 ans plus tard) Mommy de Xavier Dolan et j’avoue que le personnage de Steve, TDAH en plus de nombreux troubles du comportement, ne m’a pas laissée indifférente. Bien que le cas de Steve se trouve à des années lumières (et c’est peu dire) du mien et de celui des adultes souffrant d’un trouble de l’attention en général, ses difficultés à fixer ses objectifs et à progresser m’ont beaucoup interpellée.
Comprendre ce que l’on vit
On ne se le cachera pas, la première session universitaire demande de l’adaptation et il est facile de tomber dans l’excès de fiestas, de retards de lectures et de ¨ah pis non, je ne me lève pas ce matin¨. J’avoue avoir moi aussi été tentée de vendre mon âme quelques fois et d’avoir choisi la facilité. Puis j’ai frappé un mur et c’est devenu tout à coup beaucoup moins drôle. J’ai tenté, en vain, de mettre beaucoup plus de temps et d’effort dans mes études, en me disant que comme les autres je remonterais la pente, c’était évident. Malheureusement, je n’y arrivais pas. Peu importe le degré de sérieux que j’accordais à mes études, mes notes flirtaient avec l’échec et j’accumulais le désespoir. C’est comme si mon cerveau me niaisait et testait combien de temps j’allais tenir.
On m’a menacée dès la fin de la fin de mon premier semestre de m’expulser de mon programme d’études. On a été jusqu’à me dire que l’université c’était peut-être pas fait pour moi (Je te le jure, ça ne s’invente pas des affaires de même!).Pour moi, ça été rien de moins que le chaos. Troubles du sommeil, anxiété, symptômes dépressifs , alouette ! Je me sentais trahie par un programme d’études pour lequel je donnais tout, pour lequel je m’investissais plus que dans ma relation de couple et ma santé en générale. Le moment où on m’a enfin donné le diagnostic , après des mois d’attentes et d’angoisse, a été, je l’avoue, un des meilleurs moments de ma vie. Enfin, on mettait des mots sur ce que je vivais, sur le hamster qui spinnait trop vite dans ma tête et enfin on parlait de solutions, plus d’exclusion.
On ne parle pas souvent de TDAH à l’âge adulte, la croyance populaire associe la maladie aux enfants, à tort. Être diagnostiqué à 23 ans, c’est aussi comprendre tout ce qu’on aurait pu accomplir si on avait réellement focusser toutes ces années au lieu de juste compenser avec son intelligence (supérieure LOL).Parce que oui, être lunatique signifie souvent posséder des aptitudes plus élevées que la moyenne. On voit beaucoup de gens atteints de TDAH en médecine, en physique ou en droit. J’ai dû réapprendre à étudier, à développer des techniques efficaces qui, combinées à la médication, m’ont redonné confiance. Voici donc quelques petits trucs faciles à mettre en place et qui peuvent vraiment faire une différence (Sauf si tu fais partie des mathlètes, là t’es déjà en business!) dans ton parcours scolaire, avec ou sans TDAH.
1- Organise ton espace
Quand tu ne vis pas chez tes parents, ça peut devenir hyper facile d’avoir un espace de travail bordélique et c’est beaucoup plus intéressant de s’installer pour étudier sans assiette avec tes toasts moisies, tes bas de la veille et ton chat. Ton espace épuré est beaucoup plus motivant, surtout quand ton cerveau abandonne la tâche du moment parce que c’est un peu plate (pourtant t’écoutes Yamaska?!)
2- Organise ton temps
Pour moi, l’agenda papier a été une totale perte de temps et d’énergie. Je me suis donc servie de mon addiction à mon Iphone pour noter toutes mes activités dans l’application calendrier et pour y faire des listes quotidiennes de tout ce que j’avais à accomplir. La méthode ¨on va y aller à peu près¨ ne fonctionne pas vraiment chez les adultes TDAH. On oublie rapidement une tâche un peu moins importante, des rendez-vous ou un chapitre à lire. Aussi, il est super important de prévoir beaucoup de pauses lors de périodes d’études. Des séquences de 30 minutes de lectures suivies de pauses de 5 minutes suffisent à maintenir une bonne concentration.
3- Limite les distractions
Si tu ne peux laisser tes appareils électroniques loin de ton espace de travail, j’ai deux petits trucs pour toi : Ferme le son ET place un post-it de couleur sur ton appareil. Ne pas avoir de son peut faire oublier complètement que l’appareil est à côté et en cas de faille, le post-it est un visuel qui rappelle que c’est pas le temps !! Aussi, si tu es du genre à choisir de te lever pour laver la toilette (sérieux?!) au lieu de finir ton chapitre, quitte la maison et va dans un endroit (pas dans les brûleries) où tu ne connais personne.
4- Limite les outils de travail
Un étudiant qui souffre de TDAH n’a rien à gagner d’avoir 8 cahiers de notes, 5 cartables et 3 duo-tangs de chats. Achète plutôt un cahier de note avec le nombre de sujet suffisants et sers t’en pour tous tes cours. De cette façon-là, tu limites les oublis de matériel important et tu peux même changer de matière si tu avais prévu trop de temps pour un cours !
5- Récompenses toi !
Si c’était pas de quelques épisodes de 19-2 après un chapitre ou d’une marche avec mon chien, je ne serais probablement pas là pour t’en parler ! Comme les TDAH ne sont pas venus au monde avec un motivateur autonome, il faut prévoir des petits plus qui vont permettre d’être productif et d’avoir une raison de l’être.
Si tu vis une situation similaire, ne perds surtout pas espoir ! je suis passée de menaces d’exclusion de mon programme à tuteure pour mon programme parce que j’ai su parler aux bonnes personnes qui m’ont offert des solutions qui fonctionnent et le soutien dont j’avais besoin pour remonter la pente ! Tu peux aussi te référer à cet excellent livre ou encore à l’association canadienne des troubles déficitaires de l’attention pour en savoir plus. la plupart des universités offrent aussi un service d’aide aux étudiants avec ou sans situation de Handicap qui peut vraiment s’avérer utile en cas de difficultés scolaires.
Ps: Einstein avait un trouble d’attention assez important, BOOM !
Par Chanel Garceau
Collaborateur spontané
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