Le privilège d’écrire

C’est pas toujours évident de rédiger des textes pour ce blogue qu’est Les Nerds. Certes, on me félicite souvent pour le travail que j’y fais, pour la qualité de ce que j’y écris. La vérité, c’est qu’il se passe pas une maudite fois sans que la peur me prenne, à chaque publication. Y’a un prix à dire ce que l’on pense par écrit, ça reste. C’est loin d’être une conversation banale entre amis qui va s’oublier aussi vite que le taux d’alcoolémie.

Y’a des journées qu’on se demande pourquoi on le fait. Pourquoi continuer d’écrire des trucs qu’une poignée de personnes vont lire pis souvent oublier. Pourquoi se mettre à nu pis exhiber nos mots, nos pensées. Pourquoi mettre le temps que ça prend pis respecter un certain ordre, une certaine manière de faire quand ça pourrait juste rester à l’état brouillon à quelque part dans nos cœurs pas toujours game de se vider. Pis une de ces journées-là, on reçoit ça :

« Bonsoir Chanel,

J’ai hésité à t’écrire mais je me suis dis, tant pis, au pire ça me fera du bien et elle sera heureuse de savoir que quelqu’un apprécie ce qu’elle fait.

Tout d’abord, je voulais te dire à quel point ton texte « Autopsie d’un deuil » est magnifique. J’ai rarement lu quelque chose d’aussi senti et juste.

Depuis qu’il poppé sur la page des Nerds, je l’ai lu et relu en pleurant en me disant que tout ce qui s’y disait, c’était ce que je vivais. J’ai perdu mon père en février et même après 10 mois, je me dis encore que c’est pas vrai, que demain je vais le revoir comme si rien ne s’était passé.

Donc merci énormément d’avoir partagé ce texte parce que tu as su mettre des mots sur ce qui se passe dans ma tête depuis qu’il est parti mais que j’arrive jamais à décrire concrètement. Ça fait mal, mais en même temps, ça fait du bien. Du bien de savoir qu’on est pas seule et que quelqu’un nous comprend. »

Pis des fois, contre toute attente, ça marche. On a atteint de plein fouet le cœur de quelqu’un. Pas de mille quelques-uns, on a pas cette prétention-là. Mais le seul quelqu’un qu’on a ramanché le temps d’une lecture, ben ça fait toute la différence. La différence qu’on a toujours voulu faire dans la soirée de quelqu’un. Le chaud dans le cœur qu’on a nous-mêmes eu le temps d’une vieille lecture qui nous a poussés à faire ce qu’on fait, à magasiner des p’tits bonheurs, des « Je me reconnais là-dedans pis ça fait du bien ». Parce que jamais on a écrit parce qu’on comprenait mieux la vie que nos lecteurs, on le fait parce qu’on vit les mêmes joies, les mêmes merdes. On a eu besoin, à un moment donné, de les mettre en mots, d’évoluer pis de sentir qu’on était pas tous seuls, nous non plus.

Par Chanel Garceau
Collaborateur spontané

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