Survivre à la vingtaine en se sentant en retard
À 22 ans, c’est la première fois que j’ai un emploi à temps plein et alors que tous les gens que je connais ont commencés ça il y a au moins 3 ans.
Je dois avouer que je ne me suis jamais sentie comme si j’avais le même rythme d’expérience de vie que les autres. J’ai viré ma première brosse l’été de mes 18 ans alors que la plupart des gens commencent la consommation d’alcool au secondaire. J’ai eu mon premier copain à 19 ans (et donc perdu ma virginité à cet âge) alors que les gens expérimentent la vie de couple et les ébats sexuels aux alentours de leur seizième année de vie.
J’ai mon permis de conduire depuis cinq ans et toujours pas de voiture. Puis le dernier, mais non le moindre (je sais, je me répète), c’est à mes 22 ans que j’ai mon premier emploi à temps plein.
Le retard c’est difficile, car ce n’est ni un choix ni un hasard, c’est le résultat brûlant d’une peur. Celle de la vie d’adulte. Vous rendez vous compte que j’en ai si peur que je repousse à plus loin tout avancement dans ma vie. Ce qui n’a aucun sens et maintenant j’en souffre, car je me sens loin derrière les autres gens de ma génération.
Pour moi, c’est le pire fléau de la vingtaine. C’est éviter les responsabilités qui viennent avec le monde des grands, mais vouloir la liberté et l’innocence d’un enfant. C’est d’être déchiré entre vouloir retourner à l’enfance et devenir un adulte pleinement accompli. Parce que définitivement, mon problème majeur c’est qu’à 22 ans, je n’ai rien abouti. Beaucoup de personnes de mon entourage commencent à concrétiser leur vie pendant que moi je me sens à des années-lumière de tout ça.
J’ai deux amies qui viennent d’obtenir leur baccalauréat, une qui commence sa maîtrise à l’automne. J’ai une collègue de travail qui vient de se fiancer et un couple d’amis de mon copain qui attend un bébé. Pendant ce temps, j’écoute des séries en rafales sur Netflix et j’écris un blogue comme exutoire. Alors quand on parle d’aboutissement, je ne me sens absolument pas concernée.
Mais est-ce vraiment d’être en retard sur les autres que de ne pas faire comme eux ? C’est une question que je me pose depuis plusieurs années. Chaque chose en son temps, c’est ce qu’on dit. Personne ne peut aller au même rythme, mais alors qu’on voit les autres avancés, on les regarde avec jalousie en voulant être rendu là nous aussi.
Je crois qu’il faut apprendre à accepter notre retard et à se consoler en se disant que nous avons encore des millions de choses à voir et c’est absolument incroyable quand on y pense. Peu importe où l’on est et où l’on va, les choses viendront à nous comme il se doit. Dans ce monde où tout avance à la vitesse de l’éclair, profitons de notre lenteur et notre retard sur la vie.
Soyons fiers d’être «retardés»!