Mes parents sont workaholics… et moi aussi!

Lorsque j’étais jeune, mes parents partaient de bonne heure de la maison et revenaient au moment où jouait Radio Enfer. Mes soeurs et moi, on les voyait un peu durant le souper. Reste que les conversations tournaient fréquemment autour de leur job lorsqu’elles n’étaient pas interrompues par le son strident du téléphone portable de mon père qui l’avertissait d’une urgence au bureau.

J’ai donc grandi avec le mot «profession» d’étampé dans le front, comme si ça pouvait nécessairement définir mon bonheur. J’étais en quelque sorte un beau produit du capitalisme moderne. Une workaholic en devenir.

Ordinateur

Carl Heyerdahl | Unsplash

Dès que j’ai eu 15 ans, je me suis trouvé une première job, car le contraire aurait été impensable pour mes parents. Évidemment, les emplois sous-payés se sont accumulés avec les années, tout comme le bénévolat. Un moment donné, je me suis retrouvée à avoir beaucoup plus de jobs que de temps pour moi et j’étais encore à l’université. Mais pour moi, c’était normal. J’étais jeune, je devais gagner de l’argent, tout mettre dans un compte épargne et des REER. Un plan de vie qui sonnait aussi plate et beige que les murs de mon appartement. Mes amies, elles, partaient en roadtrips ou allaient explorer l’Europe et l’Asie en packsac. Elles vivaient leur jeunesse, quoi!

J’ai terminé mes études et décroché une job «d’adulte» en enseignement. Je faisais beaucoup d’heures à l’école, mais aussi après les classes et durant l’été. C’est pas compliqué: j’étais tout le temps occupée. On aurait dit que mon agenda faisait un trip sur l’acide tellement y’était recouvert de couleurs. Quand j’étais pas chez moi, c’était souvent pour donner des cours particuliers. Le seul hic, c’est que je détestais ma job. Faire une job que tu détestes à plus que temps plein, c’est long longtemps!

J’ai donc entrepris des études en journalisme et, dès que j’en ai eu l’occasion, j’ai quitté ma job. Je pensais que j’aurais un horaire un peu plus calme. Après tout, j’avais pu aucun cours à préparer, pu aucune correction à faire à la maison (alléluia!). L’affaire, c’est que c’était pas mon emploi le problème, mais bien moi!

Agenda

STIL | Unsplash

Les pommes tombent jamais loin de l’arbre, faut croire. Comme mes parents, j’étais accro à ma job: j’étais workaholic.

Malgré tout, j’ai appris à écouter un peu plus mon corps avec le temps. Quand je suis fatiguée, j’essaie de prendre soin de moi et de prendre une vraie pause. Je consacre aussi beaucoup plus de temps à mes amies. Oui, ma job occupe une grosse partie de mon agenda, mais les personnes importantes dans ma vie aussi. J’ai également pris le temps de comprendre pourquoi je mettais autant d’énergie dans mon emploi ou dans mes autres projets professionnels (car c’était clairement pas sans raison).

Je suis encore très intense lorsqu’il s’agit d’emploi, mais au moins, j’aime ce que je fais et je sais pourquoi je mets autant de temps et d’ardeur dans mes projets professionnels. J’ai ma carte pour le club des workaholics à vie, mais c’est pleinement assumé!


Crédit photo couverture: Nick Morrison | Unsplash