Apprivoiser la vieillesse avec un brin de sagesse

Depuis quelque temps, cette dichotomie ne cesse de s’imposer dans mon esprit, comme un perpétuel photobomb. Ça a commencé en faisant mes suppléances au secondaire. Plusieurs de mes élèves, filles comme garçons, ont l’air si vieux… Ils sont grands; plusieurs me dépassent de presque une tête et pourtant, je ne suis pas si petite. Il est évident qu’il faut prendre en considération que leurs modèles ont changé. L’hypersexualisation ayant usée de son influence, les jeunes femmes se maquillent tôt et veulent à tout prix avoir l’air d’une femme. Cependant, ce masque est souvent trompeur. Il est facile de croire qu’intérieurement, leur cheminement est fait, mais l’esprit n’est pas toujours au diapason avec son enveloppe.

À l’inverse, je me regarde parfois dans les reflets des abribus, tenant la main de mon fils, ne réalisant toujours pas que je suis où je suis. Sa petite main dans la mienne, ses sourires moqueurs me faisant sourire à mon tour. En clignant des yeux, je me répète doucement: «Je suis sa maman.». Une réalité si belle et si incroyable en même temps. En ce sens où j’apprends encore à travailler sur moi et je dois maintenant l’influencer et l’aider à grandir de la plus belle des manières, alors que parfois, je me sens encore comme une enfant.

Puis, je réalise que depuis les dernières années, je l’ai vu passer de bébé à petit garçon. Alors que moi, que s’est-il passé avec moi? Ai-je grandi? J’ai parfois l’impression d’avoir atteint la fin de la course avec mon esprit. À ne pas confondre avec l’intellect; j’ai encore beaucoup de choses à apprendre, mais mon esprit est mature. Alors que mon corps change encore, lui. Je remarque d’infimes creux commençant à se faire aux coins de mes yeux.

Et pourtant, dans un peu plus de deux ans j’aurai 30 ans. Pour ensuite en avoir 40, 50, 60. J’ai passé ma jeunesse et mon adolescence à me découvrir, à me chercher pour finalement me trouver. Bien que ces décennies semblent encore loin, il est évident qu’elles arriveront beaucoup plus vite qu’il n’y paraît. Je ne crois pas qu’il arrive un âge où je penserai différemment qu’aujourd’hui, de manière générale. J’ai l’impression qu’un matin, j’aurai 40 ans et je ne saurai plus si j’ai le droit d’aimer ce que j’aime, puisque je serai maintenant «vieille». Aurais-je le droit d’avoir les cheveux roses? De me déguiser à Halloween? D’écouter des films de Disney sans avoir d’enfants à mes côtés?

Je sais qu’un jour, je me réveillerai en sachant que mon corps flétri ne sait plus assumer ses envies. Et je trouve ça triste. Je n’ai pas envie de succomber à cette pression sociétale exigeant que notre âge mental corresponde à notre âge corporel.

J’ai envie qu’il soit normal pour une personne âgée d’avoir une forte libido, d’avoir des cheveux aux couleurs de l’arc-en-ciel, de porter du rouge à lèvres vermeil en chantant librement une chanson rappelant vaguement une ode à la liberté… Sage et assumée, comme elle l’entend.