Carpe diem, mon cul
Déconnectée. Pas là. Je vis dans le passé et dans le futur. Je n’y arrive pas. Le présent ne m’anime pas. Tout ce que je veux, c’est être ailleurs. Dans un autre espace-temps. Dans un autre lieu. Je veux avancer ou reculer, mais je ne veux pas être ici et maintenant. Jamais de ma vie je ne me suis sentie aussi loin du «carpe diem». Chaque minute, je regarde le cadran en espérant y voir plusieurs heures passer sous mes yeux, pour me retrouver plus tard, à un autre moment, dans un autre lieu, à faire une autre activité.
Tous les jours, je regrette un événement de mon passé. Tous les jours, j’appréhende un événement de mon futur. Le présent m’emmerde. Je veux du concret et du grandiose. Je ne trouve plus mon bonheur dans la vie de tous les jours et dans la routine scolaire. Je ne le trouve plus nulle part. Il est enseveli sous des attentes et des regrets. Malheureusement, le présent est tout ce que je possède et ce que je ne posséderai jamais et je ne m’en contente pas. Toutes ces idées qui se bousculent, pour être plus en avant de ma vie ou pour retourner en arrière, c’est étourdissant. C’est long et c’est lassant. Le temps ne passe plus. Il n’avance plus. Je reste ici et je voudrais être là-bas.
Chaque chose en son temps. Carpe diem. Seize the day. Vivre le moment présent. Ici et maintenant. Ici et maintenant. «Ici et maintenant» que je me répète sans cesse, mais en vain.
La roue qui tourne ne tourne pas assez vite à mon goût. Je veux des choses qui sont encore trop loin dans mon futur. Je veux être rendu plus loin dans ma vie, alors que j’ai peur de vieillir trop vite. Où est la logique ici? Je ne sais pas. C’est ça, l’entre deux âges. Amenez-moi voir le futur, ramenez-moi dans mes plus beaux souvenirs, mais ne me laissez pas ici sous cet amoncellement de devoirs, d’obligations et d’engagements.
Je veux m’en sortir, oublier le passé, aimer le présent et ne rien attendre du futur, mais en attendant je m’emmerde ici.