Ces habitudes occidentales qui nous créent trop de stress
On se fait tous accroire que nous sommes bien et en sécurité entre nos quatre murs. Dans notre alvéole de petite abeille ouvrière, les jours passent et se ressemblent. On amasse des gogosses. On leur accorde une importance «sentimentale» de peur d’oublier la vie qui passe devant nos yeux. On remplace les plats surgelés par les graines de chia. On ponctue notre vie de petits et de grands voyages et de soirées bien arrosées. Mais on finit toujours par revenir à notre petite crevasse, notre cocon à l’abri des tempêtes. On tente tant bien que mal d’organiser notre espace exigu, pour garder le contrôle, pour pas virer sur le top. À coup d’articles de blogues lifestyle, on essaie de se convaincre qu’un mode de vie sain est la clef du bonheur. Ne vous méprenez pas: je plaide aussi coupable. Comment pourrais-je écrire ces mots, sinon?
On voit des psychologues pour se normaliser. On prend des pilules pour amoindrir nos tiraillements. On soigne nos maladies mentales pour être plus performant, pour avoir du succès, plus d’argent, plus d’amis, plus d’amour. Pour avoir la vie rêvée. Rêvée par quelqu’un d’autre. On se met au service du marché. On tente de monter l’échelle salariale. Et l’échelle sociale. On cherche la promotion. Ou on démarre une start-up. On veut être libre et indépendant. Dans les deux cas, on finit toujours par arriver au bout de l’échelle. Frapper le plafond. Celui d’une société qui est, finalement, inter et hyper dépendante, faussement grandiose, condamnée par sa propre nature.
Mais tout va bien.
C’est rendu la norme. Vouloir être le meilleur. S’asservir au diktat du plus grand nombre. Pour être admiré coûte que coûte. Autant de maladies mentales qui ne veulent pas guérir. Autant de prostitués qui ne veulent pas mourir.
On en vient à chercher la perfection. Et à vouloir être trop parfait, on finit par créer des monstres et à s’imaginer que ce sont des modèles à suivre. Chacun d’entre nous pense avoir le contrôle, quand, dans le fond, on l’a totalement perdu. Nous sommes supposément des animaux grégaires. On se partage nos énergies, on se nourrit de l’énergie de l’autre, mais on finit toujours par vouloir le dominer. Cette société de performance, celle qui dit vouloir toujours évoluer et avancer plus loin, nous consume à petit feu.
C’est pourquoi, des fois, je me dis fuck off. J’irais bien vivre dans le bois. Loin de cette folie humaine et occidentale. Pourquoi chercher à être parfait quand je suis déjà corrompu jusque dans l’os (merci J.J. Rousseau)? Pourquoi sommes-nous la seule espèce animale qui se fait chier dans la vie? Oui, on ne se fait pas courser par des lions, tu vas me dire. Ce serait bien le comble: on se massacre déjà assez entre nous. Mais me semble qu’il y a un point où tu dois te demander: à quoi ça sert tout ça?
Et c’est la question que je te pose aujourd’hui. À quoi ça sert?
J’ai pas la réponse, mais je suis pas mal certain que la réponse ne se trouve pas dans tes heures supp et dans ton condo avec une terrasse sur le toit. Mais bon, je veux pas te dire quoi faire. Ta vie est sûrement très satisfaisante. On est tous tellement heureux. Pourquoi changer quand renoncer est tellement plus réconfortant?
Sur ce, faut je te laisse. Je me lève tôt demain. Je travaille.