C’est dur de rester soi-même

Je suis ultra naïve et influençable sur à peu près tous les aspects de ma vie. Je suis de même pis j’le sais. C’est quand même un bon début; je ne vis pas dans le déni de mon propre comportement.

Je suis comme une éponge. J’absorbe tout ce que je vois, tout ce que j’entends, tout ce que je lis, pis je le retiens. J’absorbe tout ça pis du moment que je trouve ça cool, ben je l’adopte. Ça fait que des fois, j’ai l’impression d’être plus un pot-pourri de plein d’affaires, un mélange d’inspirations, plutôt qu’un être à part entière.

Je te donne un exemple.

J’avais 12 ans. Je venais de me faire une nouvelle amie qui était arrivée dans ma ville environ un an plus tôt. Elle m’avait dit qu’elle avait eu du mal à s’intégrer au début parce que les autres trouvaient qu’elle prononçait quelques mots bizarrement avec son accent du bas du fleuve. Elle m’avait donné des exemples et j’avais trouvé ça malade! De ma petite ville de banlieue, je n’avais jamais entendu des gens parler comme ça ou presque. Je trouvais ça beau pis original pis toute. Tellement que pendant quelques jours, je me suis mise à prononcer certains mots avec un accent que je considérais pareil au sien. Le monde me regardait croche, ma mère me trouvait bizarre. Pis moi, pour faire mon intéressante, je disais que ce n’était pas de ma faute pis que je n’étais juste plus capable de prononcer certains mots autrement qu’avec l’accent. Sans raison, là, juste parce que.

Tu parles d’une niaiserie! Pourtant, ça résume bien ma tendance caméléon.

J’écris en utilisant des «pis» pis des «tsé», comme la plupart des rédacteurs web, parce que tsé, c’est cool pis ça fait familier. Tu t’identifies ben plus à un article écrit en «joual» qu’à un article écrit en beau français international, hein?

Des fois, j’ai du mal à me forger une opinion sur un sujet donné parce que j’en viens à être d’accord autant avec les pour et les contre. Ça dépend quand même de la crédibilité de chaque partie. On s’entend, je suis naïve et influençable, mais pas conne non plus!

Jusqu’à présent, mon côté caméléon ne m’avait jamais réellement nui. Récemment, j’ai réalisé que ça influence vraiment ma personnalité, mon style, mes idées et ma créativité. Ça me pousse à trop réfléchir et ça m’empêche d’avancer.

Être et non paraître. Exister et non copier.

C’est dur d’être soi-même pis de se trouver quand on sent la pression fuser de partout. Particulièrement, quand on se la met soi-même.

Pis toi, t’es qui, exactement? T’es-tu trouvé?