Confessions d’bar
Il y a deux semaines de cela, un article sur Vice rapportait les propos d’un barman au sujet de ce qu’il voyait ⁄ entendait de son bar.
Évidemment, cela a attisé ma curiosité. Je suis donc allée questionner une barmaid et une serveuse, question de savoir les vraies choses à propos de ces métiers…
Noémie, barmaid
Il se passe tellement d’histoires dans les bars! Tu as les cheaps qui oublient de tipper ou qui donnent une piasse de tip pour cinq drinks, trois bières et huit shooters… ou qui te répondent, lorsque tu leur dis que le tip n’est pas inclus: «J’ai tippé tout à l’heure!» Dude! Faut que tu tippes chaque fois!
Il y a également ceux qui veulent se faire payer des shots en mentionnant que c’est leur fête: «Hey! C’est ma fête! Tu me payes-tu un shot!?!» Je réponds toujours: «Je t’aurais bien payé un verre, mais juste parce que tu me l’as demandé, ça n’arrivera pas!»
Tu as ceux qui prennent un shot de trop et qui vomissent sur ton bar… Ils se demandent pourquoi on les sort. Il y a aussi ceux qui vomissent et frenchent tout de suite après!
On est un bar peu cher à Montréal, tu sais. Malgré tout, on retrouve toujours des petits tannants qui nous demandent des verres vides. On leur donne juste pour prouver ce qu’on pense, et comme de fait, on les pogne à avoir amené de l’alcool. Il faut vraiment être cheap. Amènes-tu de la bouffe dans un resto, toi?
Il y a aussi celles qui veulent danser sur le bar… On refuse désormais, car on en a déjà vu une tomber en pleine face et se casser la gueule.
Tu as ceux qui oublient leur Canada Goose à -40 dehors en plein hiver. J’ai déjà trouvé des bobettes, des condoms, un soulier – pas deux – sa propriétaire est partie avec un seul…
Une fois, dans un autre bar, on avait des chandelles. Je n’arrêtais pas de dire «attention» à une cliente. Elle s’est mise une mèche de cheveux dans la chandelle. En deux secondes, elle était chauve du côté droit de la tête; elle avait le côté du visage brûlé…
Tu sais, même si on me fait c**** des fois et que je ris des situations cocasses, j’aime full ma job et mes clients! J’ai plus de bons clients que d’imbéciles!
Roxanne, serveuse
Des dates Tinder, ça y en a tout le temps, mais l’été y en a plus de jour. Les gens sont en vacances, alors ils datent plus… C’est drôle justement, car souvent un des deux est en vacances alors il se dit: «Wouhou! On prend une brosse!» tandis que l’autre prend un Perrier avant de retourner travailler. Il y a des dates qui, oui, ont vraiment l’air «malaisantes» ou qui sont très sérieuses. Je me souviens de cette femme qui chantait en plein centre du bar et qui criait, après sa date, «On m’a volé mon sac à main! On m’a volé mon sac à main!» Elle était même tombée tellement elle était soûle ! N.D.L.R. Son sac à main était dans sa voiture, si vous vous demandiez …
Moi, je ne me suis jamais fait pogner les fesses ou les seins, mais un moment donné il y avait des gars qui pariaient des pichets pour me pogner les boules. Ils étaient tellement soûls… c’était vraiment pas subtil. On s’entend. Je les watchais!
En finissant, c’est classique, vu que je termine à 17h00, faut que je fasse: « Bon, je finis mon chiffre, faut que je m’en aille!». Après on me dit « Assis-toi avec nous, assis-toi avec nous!» tout le temps! Les gars du staff, eux, ne se font jamais dire ça… C’est drôle, des fois c’est des jeunes, mais des fois c’est des vieux aussi! Sauf que ça, je le prends pas mal, c’est plus une blague je pense.
Il y a des serveuses plus exigeantes… C’est normal que quand tu sers une assiette tu veuilles qu’elle soit belle, mais tsé les cuisiniers ne sont pas rémunérés en conséquence. Ce n’est pas qu’ils s’en foutent, mais quand tu es payé au salaire minimum, tu fais ta job, that’s it. Puis quand la serveuse te crie après et qu’elle fait 200 piasses de tip dans sa soirée, c’est un peu fâchant. Ça, je ne trouve pas ça correct …
On m’a déjà dit que j’étais une belle «plantée». On m’a également dit: « Je vais te commander un rack au poulet» – ça, je ne sais pas si c’était un lapsus, mais c’était vraiment drôle -, et «ta sœur est grande et mince, toi t’es p’tite et massive»! Le pire, c’est qu’il me cruisait, le gars!
Je n’écoute pas tant les conversations. Ça ne m’intéresse pas tant. Sauf quand tu viens à la table et que tu sens que les gens sont mal à l’aise, là tu te demandes de quoi ils parlent, sans plus. Les gens ne sont pas très intéressants!
Les serveurs sont parfois coupés, mais ça dépend des bars. Il y en a beaucoup sur appel: tu ne sais pas quand tu entres et tu dois appeler. Si par exemple sur l’horaire tu es à 17h00, tu vas peut-être seulement rentrer à minuit. S’il ne fait pas beau, peut-être que tu ne rentres pas. S’il fait beau peut-être que tu rentres, mais peut-être pas aussi. Il y a certains bars où tu dois venir, ouvrir le bar et s’il n’y a pas assez de gens, on te coupe! Tu fais donc seulement quinze dollars dans ta soirée…
N.D.L.R. Tous les prénoms ont été changés pour cet article dans le but de respecter les gens interviewés.
Et vous? Avez-vous des histoires croustillantes de barmaid ou de serveuse à nous raconter? Que pensez-vous de la job dans l’industrie de la restauration?