Confessions d’un dropout universitaire
Quand t’es à la maternelle, tu ne penses qu’à jouer avec tes blocs et essayer de comprendre comment attacher tes foutus lacets pour ne pas tomber dans l’enfer du velcro. Tes parents ont tout un plan dessiné pour toi concernant ton avenir qui, pour toi, se résume à vivre dans un château sur un nuage comme dans un film de Disney.
En grandissant, quand t’as enfin compris comment attacher tes lacets, tu ne crois pas avoir à faire face à un plus gros problème que ça dans ta petite vie. C’est alors qu’on commence à te parler de ton avenir, de ce que tu veux faire quand tu vas «être grand». Tu écoutes tes parents parce que tu les aimes et parce qu’ils t’ont averti de ne pas mettre ta langue sur le poteau l’hiver et que t’aurais dû les écouter. Tu ne feras pas la même erreur deux fois!
À l’approche de la fin du secondaire, c’est le moment où tu décides, noir sur blanc, la carrière que tu veux faire pour le restant de tes jours (à 16-17 ans, je tiens à le rappeler). Pour ma part, je voulais devenir avocat ou, au pire des pires, notaire, parce que mes parents m’ont toujours dit que pour pouvoir vivre pleinement, il fallait avoir une job qui paye bien (et aussi à cause d’Ally McBeal, mais surtout à cause de mes parents).
Donc, au cégep, je me suis dirigé en sciences humaines pour ensuite aller faire mon droit à l’université. C’est pendant mon aventure cégepienne que je me suis rendu compte que ce n’est peut-être pas pour moi après tout et qu’Ally avait été juste le fun à la télé. Je garde en tête qu’il me faut une job avec un gros salaire pour vivre une vie qui a du sens, toujours selon mes parents, alors je me dis qu’après mon année pré-universitaire, j’irais faire un bac par cumul en administration pour me spécialiser en comptabilité plus tard. La seule et unique raison de me diriger vers ce programme était parce que j’aimais faire des budgets… Un peu moyen comme raison, mais bon je me suis lancé quand même.
Rendu à l’université, à 19 ans, je me rends compte assez vite que je suis différent. J’ai un anneau à la lèvre, un dans le nez, les oreilles percées et un tattoo sur mon avant-bras, mais je me disais que c’était seulement un plus pour moi. Après avoir complété la moitié de mon certificat, je me dis que ce n’était aucunement ma place.
La question maintenant était: «Comment je vais l’annoncer à mes parents? Comment je vais leur dire que je quitte l’université?» Eux qui avaient tant d’espoirs et qui ont sacrifié autant pour moi. La réponse : j’ai choké. Je me suis inscrit en histoire de l’art. Tout le monde était content, mes parents me voyaient toujours à l’université et, au moins, j’étais dans un programme auquel je m’identifiais beaucoup plus.
Malgré tout ça, j’ai abandonné après une session. J’ai abandonné le chemin sur lequel mes parents m’avaient lancé, j’ai abandonné leurs rêves et leurs espoirs pour me concentrer sur les miens. Même si je n’avais aucune idée dans quoi je m’embarquais, je savais seulement que je devais aller trouver mon bonheur dans ce merveilleux monde.
La morale de cette histoire est de toujours suivre son instinct. Prends le temps d’apprendre à te connaître, de savoir ce qui te motive et ce qui te rend heureux. L’université, c’est bien, mais être heureux, c’est mieux. Écoute ta petite voix intérieur parce que toi seul sait vraiment ce qui peut te donner le sourire à chaque matin en allant travailler. L’émancipation de soi ne vient pas avec des notes ou un bac, ça vient d’un feu à l’intérieur de toi qui brûle quand la passion est présente dans tout ce que tu fais. Je te dis d’écouter ce feu, prends en note quand il s’allume et ne le laisse jamais s’éteindre.
Je ne dis pas ici de tout lâcher, mais seulement de penser à toi et à personne d’autre. Sois égoïste un instant et choisis une carrière qui va te permettre de t’épanouir et de tomber en amour avec la vie. Ne t’en fais pas avec l’argent, si t’es passionné par ce que tu fais, ça ne sera pas un problème. Prends seulement le temps d’y penser.
Aujourd’hui, je suis à la fin vingtaine et, depuis que j’ai quitté l’école, je fais ce que je veux. J’ai toujours suivi mon instinct, j’ai été DJ pendant 4 ans où j’ai mixé dans plus d’une vingtaine d’endroits à Montréal, Ottawa et Toronto. Puis récemment, je me suis joint à la merveilleuse équipe des Nerds par amour pour l’écriture et je suis devenu barbier, ce qui, dans un court laps de temps, m’a amené à travailler dans ce qui va devenir un des plus grands barbershops à Montréal.
Finalement, à toi je dis, fais ce que tu veux vraiment, suis ton instinct et le reste viendra.