Quelques réflexions post conventum du secondaire
Notre conventum, c’est une affaire à laquelle on pense pas beaucoup, du moins jusqu’à ce que le dixième anniversaire de notre graduation du secondaire pointe le bout de son nez. Faut dire qu’on a beaucoup d’autres choses à penser, comme notre carrière, notre chum ou notre blonde, des fois nos enfants… Un conventum, c’est pas tant haut sur notre liste de priorités, mettons!
Après avoir tergiversé un bon moment – j’y vais-tu, j’y vais-tu pas? –, j’ai finalement décidé de faire la route jusqu’à mon patelin en début juin pour y assister. Je savais pas trop à quoi m’attendre. J’avais un peu peur que ce soit un remake du secondaire, c’est-à-dire des cliques qui ne se parlent pas entre elles et se jugent mutuellement.
J’avais pas tout à fait tort
C’est sûr que, pour l’essentiel de la soirée, j’ai pas parlé à du monde que j’appréciais déjà pas au secondaire. Par contre, j’ai bien eu quelques conversations avec des gens que je ne connaissais pas beaucoup, mais que j’avais recroisés au cégep ou à l’université. Essentiellement, j’ai passé du bon temps avec mes amies de l’époque.
Côté jugement, guess what? On juge encore, mais au moins on le fait de manière plus adulte et justifiée. Par exemple, je me permets de juger sans gêne le gars qui disait à tout le monde qu’il allait se saouler la gueule et conduire après. Quand est-ce que ça a déjà été OK de faire ça? Ça l’était pas à dix-sept ans, ça l’est certainement pas plus à vingt-sept.
C’était aussi assez étrange de voir des adultes boire comme s’ils avaient encore dix-sept ans, la soirée à peine commencée. Est-ce que ces personnes-là ont attendu le conventum avec impatience pendant dix ans? J’comprends pas trop le trip de vomir de l’alcool à 23h00 ou à n’importe quelle heure, honnêtement.
«Le monde a pas changé»
Entendu maintes et maintes fois dans la soirée, ce commentaire me faisait sourcilier. Vraiment? J’ai une nouvelle pour toi: c’est vraiment triste si t’as pas changé depuis le secondaire. Par contre, là où je suis d’accord, c’est que les dynamiques de groupe sont certainement restées les mêmes. Pour le meilleur et pour le pire.
J’ai passé une bonne partie de mon temps à penser aux personnes qui n’étaient pas là. Il manquait celles qui se sont expatriées du Saguenay pour le travail ou pour les études, mais pas seulement. Je pensais également beaucoup à celles qui avaient été rejetées par la majorité présente ce soir-là. Au gars qui a eu un accident de voiture mortel dans un rang à dix-huit ans à peine. À la fille (aussi absente) qui avait été slut-shamée après un party en secondaire V pour avoir été agressée sexuellement alors qu’elle était trop saoule pour opposer une quelconque résistance. Apparemment que le mémo sur le consentement et le #moiaussi ne se sont pas rendus à tout le monde de mon conventum, puisque les agresseurs de cette fille se sont présentés et évoluaient sans tracas dans leurs anciens groupes d’amis. Ça m’a pas donné envie de revenir au prochain conventum, on va se le dire.
Au final, la meilleure chose à laquelle je pourrais comparer le conventum, c’est à une voiture accidentée sur le bord de la route. Toi, tu dois regarder devant et continuer ton chemin, mais tu peux pas toujours t’empêcher de ralentir et de regarder ce qui se passe.
Idéalement, y’aurait pas d’accidents de voiture.
Idéalement, je ne serai plus tentée de zieuter si c’est le cas, ou je prendrai une autre route pour éviter le trafic et le conventum.
Idéalement.
Crédit photo couverture: Alasdair Elmes | Unsplash