Ces femmes qui ont changé l’histoire #girlpower
Si tu lis un peu les journaux ou écoutes moindrement les nouvelles à la radio, tu as probablement entendu parler de Trump et de son offensive antiavortement. Malgré le fait que les Américaines puissent se faire avorter depuis 1973, cela pourrait bientôt ne plus s’avérer possible. Force est de constater qu’on peut également ressentir cette vague antiavortement de notre bord de la frontière. La sortie du film Unplanned de Chuck Kolzenman en est malheureusement un bon exemple.
Serait-on en train de perdre nos droits acquis? Bien que nous possédons plusieurs privilèges au Québec, dont celui de l’avortement, certains ont été acquis durement par des femmes on ne peut plus courageuses. Je crois que ce qui se passe en ce moment aux États-Unis depuis le début de l’été nous rappelle que nous devons constamment nous battre pour l’égalité et la revendication de nos droits, car rien n’est réellement gagné. D’où l’importance qu’on se souvienne de comment nos droits ont été acquis, par qui et à quel prix, surtout. Voici donc 3 femmes qui ont contribué à changer notre histoire pour le mieux et qui en inspireront sans conteste plusieurs autres à lutter pour ce qui leur tient à cœur!
Chantal Daigle
Impossible de parler d’avortement au Québec sans parler de l’affaire Tremblay contre Daigle de 1989. Alors qu’elle avait 21 ans, Chantal Daigle tombe enceinte de Jean-Guy Tremblay, un homme violent et agressif. Elle mettra un terme à sa relation avec Tremblay peu de temps après lui avoir annoncé sa grossesse. Daigle voudra se faire avorter, mais ça ne se passera pas aussi facilement qu’elle le prévoyait: Tremblay demande une injonction pour l’empêcher d’interrompre sa grossesse en disant que le foetus a droit à la vie.
Après avoir perdu sa cause devant la Cour supérieure du Québec, puis en Cour d’appel du Québec, Daigle décide de se rendre jusqu’à la Cour suprême du Canada pour se faire entendre. Certes, le temps joue contre elle. Les neuf juges sont donc rappelés de vacances (certains se trouvant même en Europe!).
Or, son avocat apprend que la jeune femme, alors enceinte de 21 semaines, s’est fait avorter à Boston. C’est un groupe de féministes qui l’ont aidé à passer la frontière déguisée en punk. Elle risque toutefois une peine de prison ou une amende de 50 000$ pour outrage au tribunal! Malgré tout, les juges décident de poursuivre le procès étant donné son importance, ce qui permet d’établir qu’un fœtus n’a pas le statut légal d’une personne.
Rosa Parks
Rosa Parks est une autre femme qui a fait avancer la cause de l’égalité en faisant reculer la ségrégation raciale aux États-Unis. Celle que le Congrès américain surnomme «mère du mouvement des droits civiques» a sans conteste changé le cours de l’histoire.
De fait, Rosa Parks, une Afro-Américaine, a refusé de céder sa place à un passager blanc en 1955 dans un autobus de l’Alabama, et ce, malgré la demande du chauffeur James Blake. Ce geste va l’amener à être arrêtée pour désordre public et violation des lois locales et, ainsi, à recevoir une amende de 15 dollars qu’elle va contester. Par la suite, Martin Luther King va créer un immense mouvement de protestation contre la compagnie d’autobus, ce qui va avoir pour ultime conséquence de rendre les lois racistes, auparavant omniprésentes dans les bus, anticonstitutionnelles, ce qui est une première aux États-Unis!
Kathrine Switzer
Si tu aimes courir, et tout particulièrement participer à des marathons, tu dois une fière chandelle à Kathrine Switzer. Cette écrivaine et journaliste américaine est la première femme à avoir couru le marathon de Boston (42,195 km) comme participante enregistrée en 1967. Elle s’est battue toute sa vie pour l’inclusion des femmes dans le monde du sport, entre autres dans les marathons.
Dans les années 60, les femmes n’étaient pas admises dans les marathons parce qu’on disait qu’elles n’avaient pas l’endurance pour courir de telles distances. Après avoir vérifié les règlements du marathon de Boston, Switzer, alors âgée de 20 ans, s’inscrit à la course en se servant de ses initiales: K. V. Elle arrive ainsi à obtenir un dossard et le numéro 261.
Elle se présente à la course, accompagnée de son petit ami et de son coach de l’époque. C’est alors que le directeur du marathon, Jock Semple, l’aperçoit à l’instar des journalistes et photographes présents à l’événement sportif. Semple court vers la jeune femme tout en criant: «Get the hell out of my race and give me those numbers!» Il essaie ensuite d’arracher le dossard de la jeune femme, moment que les photographes vont capturer avec ravissement.
Bien que Switzer ait complété cet immense marathon en 4 heures et 20 minutes, elle est disqualifiée de la course par Jock Semple et suspendue de l’Amateur Athletic Union (AAU). Certes, les photos prises d’elle, preuves de son inscription officielle au marathon de Boston et de son geste on ne peut plus revendicateur, vont faire le tour du monde et contribuer à ce que les femmes puissent également courir.
Évidemment, ce ne sont que trois femmes parmi toutes celles qui ont changé le cours de l’histoire. Il y en a beaucoup d’autres qui ont fait avancer nos droits et nous ont permis de faire un pas de plus vers l’égalité. C’est sans compter toutes les femmes qui ont contribué à faire avancer la science, la politique et le domaine de l’éducation. Dans tous les cas, elles ont cru en quelque chose et, surtout, en elles. #girlpower
Crédit photo couverture: Joel Muniz | Unsplash