La fois où j’ai dû mettre ma vie sur pause
C’est au secondaire que j’ai commencé à faire des attaques de panique dans mes cours. Soit je sortais de la classe parce que j’étais en train de faire une attaque, soit je n’allais pas au cours parce que j’avais terriblement peur d’en revivre une. Cela ne pouvait pas durer, je suis allée chercher de l’aide parce que je n’en pouvais plus. Avec du temps et beaucoup de persévérance, j’ai réussi à m’en sortir. J’ai pu à nouveau profiter du moment présent, rencontrer de nouvelles personnes et grandir.
Enfin, c’est ce que je croyais jusqu’à tout récemment. Certains événements ont fait en sorte que mon anxiété est réapparue. Lentement, sournoise, mais encore plus grande que dans mes souvenirs. Mon estime personnelle a pris une méchante débarque. Je retombais dans le cercle vicieux de l’évitement. D’abord au travail, ensuite lorsque je sortais avec des amis et finalement à l’université.
Ironiquement, pour la première fois dans mon parcours scolaire, je savais ce que je voulais. J’avais enfin trouvé ce qui me passionnait, j’avais un but et des objectifs. Puis l’anxiété s’est faite de plus en plus présente. Avec le travail, les fins de session et mes problèmes personnels, j’ai vu mon moral filer entre mes larmes. J’avais de plus en plus de difficulté à assister aux cours. Souvent, je devais sortir de la classe parce qu’un sentiment d’irréalité me mettait hors de moi. Plus le temps avançait, plus je manquais des cours et plus je stressais parce que je prenais du retard. J’ai dû regarder la réalité en face: je ne pouvais pas continuer comme ça.
Je suis allée voir un médecin, faute de me prescrire le bonheur, j’ai reçu des pilules, une thérapie et un billet pour annuler quelques cours. Rien de plus simple vous me direz, mais abandonner ces cours, voulait aussi dire renoncer à mon stage de l’automne prochain. La raison qui me motivait dans mes études. Eh bien, je l’ai fait. Pas parce que cela me semblait la meilleure option, mais parce que je ne me voyais pas continuer comme ça. Je n’étais plus capable de fonctionner normalement, alors je l’ai fait parce que je ne savais pas quoi faire d’autre.
Au début, je n’en ai pas parlé à personne, j’avais honte. Je voyais cela comme un échec monumental: la fille qui n’est pas assez «forte» pour gérer sa vie personnelle et ses études. La fille lâche, pas capable de se pousser dans le cul le matin pour se lever et aller travailler comme tout le monde. Pourtant je voulais répondre à mes responsabilités et faire ce que j’avais à faire!
Je me sentais mal, je me décevais, et j’avais l’impression de décevoir les autres aussi. J’avais de la difficulté à me comprendre moi-même, j’étais frustrée, mais tellement désemparée. Ça fait que j’ai mis ma vie sur pause. J’ai arrêté de travailler, je n’ai pas fait de session d’été et j’ai pris les pilules qui me faisaient tant peur. J’ai commencé à voir les solutions qui s’offraient à moi et à les appliquer. J’ai pleuré, j’ai laissé aller certaines relations et je me suis offert du temps. Du temps pour respirer, du temps pour y aller à mon rythme et pour réaliser des objectifs réalistes.
Les gens atteints de trouble panique voient leur qualité de vie et leur autonomie diminuées. Ils évitent certains endroits et ont souvent besoin d’être accompagnés au cas où une panique les surprendrait. Ils utilisent des stratégies d’évitement qui ne font qu’entretenir le problème. Malheureusement, la plupart attendent avant d’entreprendre une démarche de guérison puisque le trouble peut longtemps être perçu comme étant supportable.
Je crois que c’est ce qui s’est passé avec moi. Mon problème était toujours là, seulement j’arrivais à le contrôler et à faire en sorte qu’il ne soit pas si envahissant. Cette période de ma vie ce fut un mal pour un bien, je devais apprendre à gérer mon anxiété une bonne fois pour toutes. Je ne dis pas qu’il n’y aura aucune rechute ou que ce sera facile, mais j’aurais les outils nécessaires pour les affronter et je sais que j’y arriverais encore.