Ne pas « avoir l’air » gay

Ciboire, est-ce normal de se sentir comme un extra-terrestre, un déviant, alors que le seul fait qu’on se croit reproché est celui d’aimer? Et ne dévions pas le débat avec un « ben là, si tu t’acceptes, t’auras pas peur. » Même la plus grosse carapace ne peut résister aux regards.

Vous savez, je n’ai pas été victime d’intimidation en lien avec mon orientation sexuelle. On ne m’a jamais traité de « fif », de « tapette » ou de tout autre nom que vous pouvez vous imaginer. On ne m’a pas intimidé parce que « je n’avais pas l’air » d’un gay, d’un bi ou d’un quoi que ce soit. En fait, après avoir clarifié mon statut relationnel sur Facebook, on m’a écrit en me disant « Je ne le savais pas! », « Ben t’as pas l’air de ça » ou encore « Comment tu voulais que je le sache? »

Je sais que ces remarques ne visent pas à être blessantes, mais elles le sont. Il n’y a pas d’archétype homosexuel, comme il n’y a pas d’archétype hétérosexuel. Je suis ce que je suis, comme je le suis et comme je le serai. Je ne dois pas me mouler à un modèle.

Quel intérêt dois-je trouver à annoncer à tous que je suis bisexuel, homosexuel, pansexuel ou j’en passe? La société est responsable de l’étiquetage de la communauté « tout, sauf hétérosexuel ». On cherche tellement à être inclusif qu’on devient exclusif. Saviez-vous qu’on identifie maintenant la communauté « tout, sauf hétérosexuel » LGBTQ2? Allons-nous ajouter des lettres au fil des années? Aurons-nous bientôt l’alphabet complet pour nous définir? Pouvons-nous simplement vivre, aimer? Peut-on cesser de parler de diversité et simplement parler d’humains?

Vous savez, l’amour vaincra. Mais pour vaincre, l’amour a besoin de tout le monde. L’amour vaincra les préjugés si nous voulons que ceux-ci soient vaincus. Je suis un humain qui en aime un autre. Je suis un Brossardois, Sherbrookois, Québécois, Canadien, étudiant en droit, pratiquant le CrossFit, fan du Seigneur des Anneaux, qui aime le poulet, les Doritos et j’en passe, qui a déjà joué au soccer et qui se douche deux fois par jour. Je suis tout cela. Et ensuite, je suis bisexuel, ou ce que vous voulez.

Cessons ces conneries. Aimons. Ah! Et souhaitons que les gaydars se perfectionnent. Non, mais c’est vrai, c’est compliqué se repérer entre nous.