Persévérer
Plus jeune, j’éprouvais une profonde frustration envers les gens pour qui tout était facile, ceux qui réussissaient dans tout sans avoir à lever le petit doigt pour atteindre un but. Ceux qui n’ont pas besoin d’ouvrir leur livre pour obtenir un A, ceux qui n’ont pas à s’entrainer pour arriver premier au fil d’arrivée. Bref, ceux pour qui tout semble déjà acquis.
J’ai longtemps ressenti une amertume envers ces personnes, voire un sentiment de jalousie, et j’ai voulu comprendre pourquoi la vie était si injuste, pourquoi certains avaient tout en eux pour réussir, alors que d’autres doivent redoubler d’ardeur pour en arriver au même résultat.
À défaut d’avoir une réponse à mes questionnements existentiels, j’ai appris à travailler pour obtenir ce que je voulais. Dans la vie, pour réussir, il ne suffit pas d’avoir une bonne dose de volonté. Il faut redoubler d’efforts, il faut suer, il faut vaincre, il faut s’acharner. Il faut persévérer. Un succès qui découle d’un travail entêté est tellement plus savoureux et louable, en plus de devenir une source de fierté incommensurable.
Persévérer, c’est faire des sacrifices, c’est s’armer de détermination et de courage, se relever une dixième fois lorsqu’on est tombé autant de fois. Parce qu’au final, bien sûr que la victoire, la réussite et le succès ont une grande valeur. Mais au fond, ce n’est pas tant la destination qui a de la valeur, mais plutôt le chemin parcouru pour s’y rendre.
Prendre la décision de ne pas se laisser abattre par les difficultés, vaincre la peur de l’échec et se lever chaque jour avec la ferme intention de devenir meilleur, voilà une réussite en soi, quel que soit l’objectif poursuivi au bout du compte. Le cheminement pour arriver à destination possède une précieuse valeur.
Lorsque l’on est confronté à l’échec, le réflexe est souvent de se comparer aux autres. Il fut un temps dans ma vie où je consacrais une grande partie de mon énergie à analyser les réussites des autres en angoissant sur mes propres capacités. Puis, un jour, quelqu’un m’a fait part d’une constatation toute simple, mais qui m’a véritablement ouvert les yeux :
«Quand on regarde toujours ce que les autres font, on n’avance pas. Mais quand on se concentre sur ce qu’on fait soi-même, c’est là qu’on avance.»
Ça semble tellement évident. Mais pourtant, notre société ne véhicule pas cette façon de penser. Pour ma part, cette affirmation fait maintenant toujours écho en moi lorsque je m’apprête à comparer mon succès à celui des autres. Tous les moments passés à regarder chez le voisin représentent du temps et de l’énergie non consacrés sur mes propres projets et objectifs.
Désormais, je fais le choix d’être en compétition avec une seule personne : moi-même. Je cherche à être meilleure que celle que j’étais hier, et à travailler sur celle que je veux être demain. Cette rivalité avec ma propre personne est beaucoup plus saine et me pousse à me donner des défis réalistes. J’avance à mon rythme, je ressens moins de pression, et j’ai suffisamment de temps pour me concentrer sur les objectifs de vie que je désire atteindre.
Aujourd’hui, cette frustration que je vivais envers ceux qui réussissent du premier coup s’est étonnamment transformée en reconnaissance. Je remercie la vie d’avoir laissé quelques défis supplémentaires sur mon chemin. Grâce aux difficultés et aux épreuves, j’ai développé une force de caractère, un désir inébranlable de repousser mes limites et de mettre toujours plus d’efforts dans ce que j’entreprends et ce que je veux accomplir. Je suis persévérante et j’en suis fière.
Par Florence Breton
Collaboratrice spontanée