Travailler dans une résidence pour personnes âgées
Ils ferment leurs petits yeux tout fatigués après le repas. Se réveillent puis repartent. Ils sont lents. Ils sont gentils. Ils font des mauvais coups. Ils ont déjà fait les 400 coups dans leur jeunesse, mais c’était pas assez faut croire!
Les vieux se crusent comme des ados maladroits et mignons. Ils croient qu’ils pognent encore pis c’est le cas! Ils se tiennent la main et se donnent des bisous quand personne ne regarde.
Ils ont vu la guerre, la maladie, leurs amis et âme sœur partir avant eux.
Eux, ils sont encore là avec leurs petits yeux coquins, accueillants et bienveillants. Ils gardent le fort.
Le dimanche, ce sont la mise en plis chez la coiffeuse et la belle chemise pour l’église.
Et toi, tu es là, à les regarder et à te demander comment tu vas être quand tu seras une mémé.
Comment vais-je être? À me bercer et à faire des mauvais coups!
À Noël, ils te donnent tous du chocolat pour être sûrs que tu prennes 5 lbs. À la St-Valentin, encore du chocolat. Pis à Pâques? Des chocolats, j’imagine! Ils sont là pis toi t’es là. Ils sont chez eux et pas toi. Mais ils sont gentils pareille. Certains sont des petits bommes, même à 85 ans. Tu les remets à leur place pis après, ça va.
C’est pas des enfants. C’est des adolenfants. (Oui, oui, un beau mot valise). Ils jouent la carte qui leur plait. Un jour ils sont assez »si » pour faire »cela » et la journée d’après, tu es la méchante parce que tu dis non. Mais au fond, ils ont un cœur. Un cœur en or.
Les vieux sont apaisants. Ils ont tout vécu pis ils sourissent encore. Ça aide à relativiser les choses, disons. Ils t’encouragent dans tes projets et te disent «bravo, lâche pas». Pis ça, ça fait chaud au cœur.
Je les aime.
Par Gabrielle Boucher
Collaboratrice spontanée