Dans les règles de l’art

C’est vrai qu’en apparence, accorder de l’importance à la forme du roman, à la ponctuation, à l’esthétique des mots, à la poétique, c’est un peu superficiel, certains diront. De l’artifice. Des bonnets de douche. Des rouleaux de papier de toilette triple épaisseur confort 100% ouate de cellulose. Mais c’est pour mieux rendre compte de la réalité, mon enfant. De façon inédite. Avec légèreté. Avec le beau.

L’esprit, c’est quelque chose d’intangible. On ne peut le voir. Mais l’œuvre d’art, elle, on la voit. C’est avec l’art que l’on solidifie l’imaginaire, la pensée.

Écrire c’est un travail de construction et bien souvent, de déconstruction. On travaille avec les mots. Mais surtout, on joue. Un peu comme les enfants avec leurs blocs. On les empile, on les mélange, on leur donne une forme, pis à la fin, ça fait quelque chose de pas pire beau. Ou d’un peu fucké. Oui. Mais l’essentiel, c’est de transmettre quelque chose, de rendre agréables les mots, de faire vivre une émotion, de faire réfléchir, de faire imaginer son ami. Pour qu’il lise une histoire, et parallèlement, qu’il s’en façonne une autre, mais la sienne, dans sa tête. Parce que dans la vie, nous sommes plus souvent qu’autrement, juge de nos propres cognitions. De nos propres perceptions.

L’art prend racine d’une réalité. D’une influente, réalité. Se réduisant parfois à un bruit agressant, un parfum d’épice bizarre, un comportement disgracieux, un air mélancolique, un « geste manqué » ou un « bonheur d’occasion ». D’autres fois, ben c’est le monde au complet. Une simple influence. Et elle se transforme, cette réalité. Elle devient fiction. Romance et création. Par l’esthétique des mots. Ce qui importe au fond, c’est de voir ce que les gens ne voient pas derrière cette réalité. De rendre compte de l’impossible. Représenter l’irreprésentable. L’indéfinissable. L’insoluble. C’est aussi de penser autrement. Et de le montrer aux autres. Avec le beau. C’est ça, notre boulot.

«Les idées, si elles sont à l’état pur, c’est un merveilleux bordel.»
Alessandro Baricco Extrait de City

«Créer une œuvre, c’est créer un monde.»
Kandinsky

«L’art ne reproduit pas le visible, il le rend visible.»
Paul Klee

«Une nuit d’amour c’est un roman en moins.»
Balzac

«Le seul moment où le temps s’immobilise à la seconde où son mouvement se bouscule démesurément est lorsque j’écris un roman.»
Moi

Par Vanessa Leduc
Collaboratrice spontanée