Trois écrivaines québécoises : trois lectures à découvrir
Les maisons de Fanny Britt
Avec son premier roman, paru aux éditions Le cheval d’août à l’automne 2015, Fanny Britt porte un regard profond sur la dualité entre les rêves et la réalité de la vie. Tessa, narratrice de l’œuvre, est une agente immobilière de 37 ans confrontée aux peines, aux souffrances et aux doutes du quotidien. Mère de famille, conjointe, amie fidèle, Tessa est aux prises avec une crise de la quarantaine. Une crise qui lui donne envie de tout foutre en l’air, de retrouver la jeune femme passionnée qu’elle était 15 ans plus tôt. Celle avant les drames, avant les deuils.
Rythmé, le roman est parsemé de dialogues tranchés où l’humour et l’autodérision sont à l’honneur. Sensible, Fanny Britt réussit à nous faire voir la beauté, même celle cachée sous une main posée sur la nuque ou un panier de linge sale.
La danse juive de Lise Tremblay
Troisième livre de l’auteure, La danse juive traite de la relation entre le corps et la famille. Lise Tremblay y met en scène la vie d’une pianiste qui entretient des rapports conflictuels familiaux. À travers les yeux de son père, la narratrice se perçoit comme un échec; comme la honte qu’il vaut mieux ignorer. Abandonnée par celui qu’elle admire tant et incapable de communiquer avec celle qui l’a mise au monde, la jeune pianiste tente de combler le vide qui la ronge par la nourriture.
En plus de mettre de l’avant cette dualité, l’œuvre de Lise Tremblay, éditée par Leméac en 1999, encre son récit entre Montréal et le Nord québécois. Éloignée de sa famille paternelle qui y vit toujours, la narratrice est interpellée par le désir de les retrouver. Elle entreprendra donc le grand voyage pour faire la paix avec elle-même, du moins c’est ce qu’elle espère. Tout en douceur, La danse juive est une histoire poignante où la dureté de l’hiver montréalais et l’apaisement de la région nordique émanent à chaque ligne.
C’est pas facile d’être une fille, Bach
Sur les tablettes depuis 2014, C’est pas facile d’être une fille est une bande dessinée rafraîchissante qui traite avec humour et sensibilité les travers féminins. Bach (Estelle Bachelard), auteure et dessinatrice, offre ici sa première bande dessinée inspirée des tribulations de son quotidien. Son livre, chapeauté par la maison d’édition Mécanique Générale, la met en scène aux côtés de son amoureux Charles et de sa meilleure amie Stéphanie.
Parfois anodins ou parfois existentiels les questionnements soulevés par la narratrice révèlent un personnage sarcastique, profond et attachant. Agrémenté d’un coup de crayon fin et délicat, C’est pas facile d’être une fille est bien plus que le récit d’une jeune femme de la vingtaine qui capote sur les chats et les souliers. C’est les angoisses, les rêves, les doutes, les joies d’une passionnée qui sommeille en chacune de nous.
Bonnes lectures! Bonne paresse !