De Arcade Fire à Where the Wild Things Are
La dernière fois, nous nous étions quittés sur Arcade Fire. Bien que le groupe se passe maintenant de présentation, je ferai la classe pour ceux qui auraient manqué quelques cours en la matière. Arcade Fire est un groupe montréalais cofondé par le couple formé par Win Butler et Régine Chassagne. Les quatre albums qu’ils enregistrent entre 2001 et 2013 sont reconnus mondialement. The Suburbs (2010) reçoit, entre autres, le Grammy Award de l’album de l’année en 2011. Reconnu pour leur côté décalé et touche tout, les membres du groupe s’alternent et voyagent depuis la naissance du band au début des années 2000. Chacun ayant des projets personnels ou collectifs. Win Butler se fait également appeler Windows 98 lorsqu’il se faufile derrière sa table tournante. Son frère, Will Butler, membre actif du groupe, a sorti un album solo avec orchestre symphonique très récemment, acclamé par la critique d’ailleurs. Arcade Fire est avant tout un rassemblement de passionnés. Parmi tous ces beaux projets, il y a également la musique de film qui intéresse beaucoup le groupe et certaines de leurs contributions leur ont mérité des nominations importantes. Je pense ici particulièrement à leur réalisation de la bande originale du film Her de Spike Jonze.
« I’m trying to write a piece of music that’s about what it feels like to be on the beach with you right now. » -Samantha.
Her, c’est l’un des bijoux du cinéma des cinq dernières années. Probablement mon film favori. La première place se dispute encore entre lui et Moonrise Kingdom de Wes Anderson. Or, nous y reviendrons. Her, c’est une histoire d’amour impossible entre un homme et une intelligence artificielle se vautrant dans un système d’exploitation. C’est le récit d’une époque qui nous attend peut-être, pas très loin, dissimulée. Her, c’est Joaquin Phoenix et toute son humanité dans son incarnation parfaite de Theodore. C’est la sensibilité de l’homme mise à nue. Her, c’est visuellement époustouflant. C’est le combat des complémentarités orangées bleutées qui nous ravivent le cœur. C’est des plans à vous couper le souffle. Her, c’est une trame sonore qui vous fait verser une larme. C’est des notes de mélancolie et de nostalgie qui vous heurtent l’âme. Her, c’est une réalisation et un scénario orchestrés avec un doigté de génie. Celui de Spike Jonze.
Spike Jonze est un réalisateur américain qui commence sa carrière en tant que photographe pour des magazines sportifs se spécialisant en skateboard et en BMX. Il s’intéresse, par la suite, au médium du court-métrage et du vidéoclip. Il participe à toutes sortes de projets et se marie à la très talentueuse Sofia Coppola (ils sont à présent divorcés). Dès son premier essai au cinéma, il marque un coup sûr avec Dans la peau de John Malkovich, qui reçoit un succès retentissant. On lui doit également l’excellente Adaptation avec Nicolas Cage et Meryl Streep. En 2009, il se plonge dans l’adaptation de l’album illustré pour enfant, Where the Wild Things Are (Max et les Maximonstres en version française), et une fois de plus, il relève avec brio le défi qu’il s’était lancé. Avec une filmographie aussi courte, vous ne devriez pas hésiter une seconde à vous plonger dans l’univers déjanté de ce réalisateur.
Je ne suis pas friande des histoires pour enfants. Mis à part Shrek, les films de Pixar et ceux de Miyasaki, je n’apprécie pas particulièrement les films d’animation ou ceux mettant en vedette des contes pour les touts petits. Avec Where the wild things are, il s’agit d’autre chose. Maurice Sendak a écrit ce livre jeunesse il y a plus de 50 ans et pourtant, cette histoire nous touche toujours autant. C’est le récit de Max, un garçon un tantinet colérique à l’imagination débordante. Un soir qu’il est puni par sa mère, sa chambre se transforme en une jungle énigmatique où il fait la rencontre des Maximonstres. Bien vite, grâce à son autorité bien assise, Max devient le roi des créatures de son monde imaginaire. C’est donc à travers son aventure avec la troupe de monstres que le gamin fait son apprentissage de la vie. Les illustrations du livre sont magnifiques, soutenues par un style simple et minimaliste. Le film est une adaptation merveilleuse. Le mélange de méchanceté et de gentillesse qui habite les bêtes est palpable dans le visage des marionnettes fabriquées dans l’atelier de la célèbre Jim Henson Company. Une oeuvre à voir ou à lire avec les jeunes et les moins jeunes.
L’histoire inspire d’ailleurs plusieurs artistes et diverses adaptations. Arcade Fire participe à la trame sonore de l’adaptation cinématographique de Jonze. Ah! Les revoilà les coquins! Les Simpson dédieront une émission (Voyage au bout de la peur) à Where the Wild Things Are. Pas surprenant venant de Matt Groening. Les musiciens semblent être ceux qui s’intéressent le plus à cette histoire puisque plusieurs d’entre eux font référence à l’oeuvre de Maurice Sendak dans certaines de leurs pièces. Je pense, entre autres, à Alt-J et à quelques paroles de leur chanson Breezeblock:
« Do you know where the wild things go? »; « Please don’t go, I’ll eat you whole, I love you so ».
Mais aussi à Patrick Watson qui donne le titre Where the Wild Things Are à l’une de ses chansons figurant sur son album Wooden Arms. Il n’y a aucun doute, ce récit, considéré comme l’un des plus grands classiques de la littérature jeunesse américaine, marque les esprits et inspire les génies.
Patrick Watson, compositeur, auteur et interprète montréalais… Ah, mais nous y reviendrons. Je vous le promets. Alors, rassasiez? Du moins, pour le moment? De qui aimeriez-vous qu’on jase? Je suis tout ouïe.