Depuis que j’ai réécouté One Tree Hill
Comme c’est le cas de plusieurs personnes de mon âge qui étaient de fervents amateurs de l’émission, j’ai pris un coup de vieux en réalisant que One Tree Hill a vu le jour il y a bientôt 15 ans. Bien que j’aie réussi à traverser la puberté et l’adolescence sans trop de séquelles, réécouter cette série 15 ans plus tard m’a permis d’avoir assez de recul pour réaliser à quel point j’avais des attentes irréalistes par rapport à la vie d’adulte quand j’étais une jeune pré-pubère influençable.
Voici ce que la vie m’a appris depuis que j’ai écouté One Tree Hill pour la première fois.
1- Les gens de 16 ans ne sont pas des adultes.
Une évidence, me direz-vous. Pas pour moi. Le fait que les acteurs qui incarnaient des adolescents de 16 ans avaient pour la plupart 22 ans n’aidait pas à la cause, mais là n’est pas le point. À l’époque, je trouvais normal que Nathan et Haley habitent ensemble (!), se marient (!!) et aient un enfant (!!!) avant même d’avoir le droit de voter, de boire ou d’avoir terminé leur secondaire. Je trouvais également normal que Peyton habite toute seule la plupart du temps et qu’elle laisse sa porte déverrouillée pour que ses amis entrent chez elle en tout temps et qu’elle livestream sa vie grâce à la webcam de sa chambre.
À 23 ans, je réalise que je prononce encore assez régulièrement les mots : « Je vais demander à ma mère d’acheter ça à l’épicerie » et qu’adopter un cochon d’Inde m’apparaît comme un engagement au-delà de mes capacités. (Je suis aux études à temps plein et j’habite avec mes parents à Montréal, ne me jugez pas trop vite.) Nul besoin de préciser que je ne suis pas une bonne représentante de la vie d’adulte et que je l’étais encore moins à 17 ans, comme c’est le cas de presque tout le monde.
2- La série est une preuve de plus que les cours d’éducation sexuelle sont une nécessité.
En quatre saisons, je peux calculer cinq cas de grossesse/soupçon de grossesse/fausse grossesse, toutes imprévues, auprès de personnages féminins de la série. Oui, je sais que c’est de la fiction. Oui, les auteurs manquaient clairement d’inspiration pour trouver de nouvelles façons de créer du drama entre les personnages. Reste que le nombre d’adolescentes qui tombent enceinte (drôle d’expression quand on y pense, « tomber » enceinte), qui croient être enceinte ou qui disent l’être pour manipuler le détenteur de l’engin masculin en cause est un aperçu de ce qui nous attend si on ne finance pas les cours d’éducation sexuelle dans les écoles.
3- Une mauvaise coupe de cheveux, ça te scrap une belle face.
Comme le dit si bien ma grand-mère : les goûts, ça se discute pas. Mais un moment donné, les images parlent d’elles-mêmes.
4- Études > Vie sociale
Mes parents ne m’auraient jamais laissée avoir la vie sociale trépidante des jeunes de One Tree Hill . Mes soirées et fins de semaine seraient pour la plupart consacrées à étudier et à mes activités parascolaires. En cinq ans de secondaire et deux ans de cégep, pas une seule fois mes amis ne sont arrivés à l’improviste pour piquer une jasette de cinq minutes et s’en aller après. Par ailleurs, aucun beau grand joueur de basketball ne s’est pointé chez moi sous la pluie pour m’avouer son amour lorsque j’étais au secondaire. Il s’agit de loin de ma plus grande attente qui a été créée par la série pour finalement être déçue par la vraie vie.
5- Je ne serai pas riche et célèbre à 23 ans.
À la cinquième saison, on fait un saut dans le temps pour retrouver les personnages plusieurs années plus tard alors qu’ils sont âgés de 23 ans. Lucas a déjà publié un livre, Brooke a bâti un empire dans le monde de la mode avec sa ligne de vêtements Clothes Over Bros et son magazine B.Davis, Nathan était presque dans la NBA, Peyton vivait à Los Angeles avant de revenir à Tree Hill et Haley est principalement une mère au foyer — mais on se rappelle qu’elle était une rock star à 16 ans et qu’elle était partie en tournée alors elle avait déjà eu sa dose de fame.
La réalité est plutôt qu’à 23 ans, j’ai un diplôme de baccalauréat en communication et que je suis ben fière d’avoir ouvert un CÉLI. Ça fait le tour de mes accomplissements.
Mais je demeure optimiste, même si la vie m’a appris à être réaliste.