Les Francos de Montréal: un rare «vrai» festival de musique
J’ai beau aimer la musique plus que tout au monde, je suis bien au courant de la rumeur assez vraie, ma foi, qui dit que les festivals et autres événements de musique sont «envahis» par les influenceurs et autres gens voulant flasher leur outfit acheté spécialement pour l’occasion au prix de mon loyer.
Ce qui fait que, chaque fois que je vais dans un festival, je me retrouve coincée entre 2 ou 3 personnes qui sentent abondamment le parfum, qui essaient de prendre un selfie tout en discutant de leur repas ou de leur régime keto (de quessé?) tandis que moi je veux juste écouter l’artiste ou le groupe devant moi. Il me semble que c’est pas tant demander, non?
Il me semble que quand tu vas dans une salle de spectacle, c’est pour voir un show. Pas jaser de ton nombre d’abonnés sur Instagram en prenant des photos de ta face avec un gros flash. En tout cas.
J’aime particulièrement les Francos de Montréal parce que c’est un festival qui attire, la plupart du temps, les vrais fans de musique, les gens curieux d’approfondir leur culture musicale («Ah oui! Ça me dit de quoi, ça, Fanny Bloom! C’est pas elle qui jouait dans La Patère Rose? Est ben bonne») ou ceux qui veulent juste passer un bon moment entre amis. On y voit pas vraiment d’influenceurs. Juste une foule de gens qui se promènent d’une scène à l’autre pour découvrir des artistes d’ici, mais aussi d’outremer entre une gorgée de bière ou une crème glacée qui sert à financer l’événement (je vais t’encourager n’importe quand, buddy!).
Parfois, les festivals qui ont une bonne partie de la programmation gratuite peuvent avoir un effet turn-off, aucune idée pourquoi, mais pas les Francos. Après tout, c’est pas un café refroidi qu’on t’offre, mais une super belle brochette d’artistes à découvrir ou à redécouvrir (ben oui, je te parle bien des Marmottes Aplaties et des Vulgaires Machins).
Évidemment, chaque année tu peux aussi aller voir des shows en salle. La programmation était également riche à ce niveau-là. Je suis donc allée assister au spectacle d’Hubert Lenoir et des Louanges, deux artistes que j’aime déjà beaucoup. J’avais un petit parti pris, que veux-tu?
Hubert Lenoir et son adieu à Darlène
C’était à prévoir: une foule gigantesque était présente pour le show d’Hubert Lenoir aux Foufounes Électriques. L’artiste, qui devait de prime abord présenter le spectacle Den of Thieves en compagnie du rappeur Yes McCan, a plutôt décidé de «tuer» Darlène, son projet multidisciplinaire:
«La première fois qu’on s’est embrassés c’était dans son char à une lumière rouge, je me souviens d’avoir pensé que c’était pas l’idéal, que la lumière allait virer au vert à un moment donné, qu’il faudrait se lâcher, regarder en avant pour avancer, pour pas foncer dans un mur, pour pas se faire mal… mais Darlène, c’est le genre de fille qui t’avale en pesant sur le gaz et quand je la regarde e*** je sais que ça va mal finir […] Il faut que je la sorte de ma vie avant qu’elle ne me tue, avant qu’elle ne nous tue tous, moi je débarque du char, le band aussi, on est fatigués […]»
J’ai donc pu assister à la mort de Darlène après avoir vu la foule déjà excitée s’échauffer un peu plus sous la musique punk rock garage du groupe CRABE, une excellente formation au son ravageur.
La dernière fois que j’étais allée aux Foufs, c’était pour boire de la bière à 1,50$… J’étais au cégep. Je ne pensais jamais retourner à cet endroit. Surtout pas pour voir Hubert Lenoir s’accrocher comme un chimpanzé aux poutres de la salle, chose que je l’avais déjà vu faire au FME, flamber son setlist avec désinvolture ou chanter Si on s’y mettait, accompagné des membres de CRABE, comme si sa vie en dépendait. Parce que dans le fond, Hubert Lenoir, c’est un peu ça, rien n’est fait à la légère, tout est intense et c’est parfait ainsi!
Les Louanges
Tout comme Hubert Lenoir, Les Louanges a fait salle comble. C’était aussi à prévoir pour l’auteur-compositeur-interprète qui a une carrière fulgurante, notamment depuis la sortie de son album La nuit est une panthère. C’est probablement pour cette raison que celui-ci est en lice pour le prestigieux prix Polaris.
C’est Halo Maud, une artiste européenne, qui assurait la première partie des Louanges – de son vrai nom Vincent Roberge – avec ses chansons accrocheuses ponctuées de synthé. Celle dont les paroles de chansons flirtent entre la langue de Molière et de Shakespeare a su offrir une très bonne performance au Club Soda où régnait une ambiance survoltée, comme électrisée par l’attente de Roberge. On sentait toutefois que les spectateurs étaient présents pour Vincent Roberge. Cela se voyait et cela s’entendait! La foule l’a applaudi tout au long de la soirée, en plus de réciter la plupart des paroles de ses chansons. On se serait quasiment cru dans un karaoké un moment donné, si bien que Les Louanges a décidé d’interpréter une nouvelle chanson, Attends-moi pas. Nul doute que le prochain album sera aussi bon que le précédent à entendre cette chanson rock jazzée.
Une fois de plus, Les Louanges était en forme (faut dire que celui-ci avait pris la peine de faire ses étirements entre deux tounes). Sa présence sur scène est incomparable et ne donne qu’une envie: aller le revoir, lui et ses panthères lumineuses!
Bref, c’était une belle édition des Francos de Montréal. Comme chaque année, au fil des scènes où j’ai déambulé (une de mes petites passions), j’ai croisé plusieurs amis et eu la chance d’écouter des artistes incroyables. J’attends déjà impatiemment le Festival international de jazz pour aller, encore une fois, me promener d’une scène à l’autre, sans avoir à me soucier des gens qui parlent trop dans les shows.
Crédit photo de couverture: Frédérique Ménard-Aubin | Les Francos de Montréal