Hello, Holà, Ni Hao, Privet

J’ai toujours rêvé de parler plusieurs langues. D’être la personne qui pourrait voyager partout dans le monde. Qui pourrait s’intégrer au peuple, ni vue ni connue. Qui pourrait partager un moment du quotidien des peuples locaux. Mes ambitions de parler six langues à l’âge de 15 ans n’ont malheureusement jamais été réalisées. Je dois me contenter du français, de l’anglais, d’un espagnol boiteux, d’une certaine compréhension de l’italien et de la possibilité de prononcer des salutations en une dizaine de langues.

Je n’ai jamais vraiment renoncé à l’idée d’apprendre d’autres langues par la suite, mais j’ai très peu de temps pour le faire. J’ai pensé m’inscrire à un certificat à l’automne, mais ça ne cadre finalement pas avec mes plans de vie.

C’est là que j’ai pensé à apprendre une langue que personne ne parle (littéralement), mais que plus de 7000 personnes utilisent chaque jour au Québec. La langue des signes.

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Source: www.crijlimousin.org

La première fois que je suis entrée en contact avec la langue des signes, c’est par mon coloc du cégep. Il prenait des cours et m’apprenait des mots au hasard. Moufette, quelques chiffres, je t’aime. Rien de bien utile, quoi. Je sais dire bonjour en russe, en mandarin, en arabe, mais si je croise une personne malentendante, je suis incapable de la saluer. Une logique qui n’a absolument rien de logique, justement.

Alors j’ai décidé de chercher des ressources pour apprendre la langue des signes. Surprise, c’est plus facile que prévu! La fondation de la Langue des Signes du Québec offre des cours de base en ligne. Le plus beau? C’est gratuit!

Il y a quatre cours, divisés en plusieurs modules. Chacun te permet d’apprendre des choses différentes : les lettres, les chiffres, les mois, les mots de la famille, de la nourriture, les pronoms, les verbes, etc. Bref, tous les mots de base que tu pourrais vouloir utiliser! Évidemment, si tu veux savoir signer ornithorynque, il faudra peut-être prendre des cours plus avancés…

Ouin mais là, tu connais même pas de sourds! Je ne connaissais pas d’anglophones quand j’ai décidé d’apprendre l’anglais, pas d’hispanophones quand j’ai débuté l’espagnol. Je n’ai aucun Allemand à saluer d’un fringant bonjour, et savoir dire cheval en mandarin ne me sert absolument à rien. En revanche, j’ai quelques amis malentendants, pas sourds, mais qui font partie des 3.21 millions de personnes ayant des problèmes d’audition au Canada. C’est quand même 10% de la population, mine de rien.

Pour moi, c’est injuste que cette langue soit vue comme une langue moindre. Et je n’imagine même pas à quel point ça doit être difficile pour une personne sourde ou muette d’interagir avec le monde si personne ne peut la comprendre et que, alors qu’elle possède une langue bien vivante, doit parfois avoir recours à des gesticulations pour se faire comprendre par le reste de la population québécoise. Alors c’est pour ça que j’apprends la langue des signes : parce qu’ils méritent d’être compris autant que tous les autres, parce que j’ai une curiosité pour les langues et que celle-ci n’est pas moindre que les autres, parce que 10% de la population canadienne c’est vraiment beaucoup.

La culture sourde, c’est un sujet méconnu. Je ne pense pas qu’on devrait la sous-estimer parce qu’on ne connait pas quelqu’un qui parle cette langue. Heureusement, de plus en plus de moyens sont disponibles. Quelques films traitent du sujet, dont le fabuleux La famille Bélier que tous devraient voir. L’épisode du 3 février de Simplement Humain à CIBL porte entièrement sur la culture sourde.

Après seulement une semaine de cours en ligne, je peux signer l’alphabet, les chiffres et des phrases simples. Mon nom, mon numéro de téléphone (pour texter ce que je ne peux pas signer, par exemple!), des salutations, des questions simples. Pour moi, c’est très important, et si ça ne doit me servir qu’une fois dans ma vie, alors ce sera déjà ça!

Vous pouvez vous aussi suivre des cours en ligne ici.