Il était une fois… des déesses et des putes?!

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La fois où je suis entrée dans un Renaud Bray pour acheter le nouveau Éric-Emmanuel Schmitt pour finalement acheter un autre livre…

Mes yeux s’attardent d’abord sur la couverture trash du livre : une vénus en fishnets, en string et en talons hauts derrière la photo, un titre bien cru comme je les aime. À l’intérieur, le portrait d’une jeune auteure finlandaise. Il s’agit du premier roman de Laura Gustafsson, une weirdo aux cheveux jaunes un peu punkette, qui, semble-t-il, sème déjà controverse dans son pays à cause de cette première publication. Après avoir lu le synopsis à l’endos, j’achète Conte de putes sans hésiter : tout me promet une lecture hors du commun.

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Croyant avoir pris le vol pour se rendre aux Enfers, afin de trouver son bel Adonis assassiné par Arès, Aphrodite débarque à Helsinki en Finlande où elle se lie d’amitié avec deux escortes, Kalla et Milla, avec lesquelles elle s’unira pour déclarer la guerre au genre masculin. Dans cet univers insolite digne d’un film de Tarantino, les déesses déchues victimes du star système se soulent avec les putes assassines, foutent le bordel dans la ville et font la une des journaux. En fait, ce roman résolument féminin, écrit dans un style plutôt cinématographique, est un curieux mélange de chick litt bitchy à souhait, d’épopée homérique, de thriller gore et de conte de fées enfantin. Entre les courts chapitres, dans lesquels mille et une choses carnavalesques arrivent, l’auteur a inséré d’excellentes petites fables (parfois drôles, étranges ou bien connues) sur la femme.

Cet étrange monde fictionnel, dans lequel les frontières entre le monde des humains et des dieux sont abolies, représente toutefois une myriade de réalités de la condition féminine. Les grands sujets féministes y sont illustrés : la violence conjugale, la prostitution, le sexisme, l’homosexualité, l’inégalité des sexes, etc. Alors que les Femens montrent leurs seins pour protester contre les abus faits aux femmes et que les travailleuses du sexe militent pour leurs droits, ce roman plus que d’actualité prend le pouls du féminisme et s’insère dans le débat. Pour en faire ressortir toutes les facettes, l’auteure n’hésite pas à user d’un humour noir parfois absurde et joue aussi bien avec les références de la culture populaire qu’avec la mythologie et la religion tout en demeurant précise et pertinente.

Avec cette odyssée féminine trash et cocasse, Laura Gustafsson n’a certainement pas fini de faire jaser d’elle dans le monde littéraire. J’attends déjà avec impatience son deuxième roman, Anomalia, qui paraîtra prochainement.

Conte de Putes

Laura Gustafsson

Grasset

Paris, 2014, 391 pages