La Poupée qui fait non : Zoé Duchesne à l’Arsenal
Une chose est sûre : l’exposition Poupée, présentée à la galerie l’Arsenal par Zoé Duchesne, mannequin de renommée internationale, actrice et depuis peu artiste, ne laisse pas indifférent. Cependant, je ne suis pas certaine que ce soit pour les bonnes raisons.
Je dois avouer que j’étais bien intriguée par cette installation qu’on avait qualifiée, à divers endroits sur la Toile, de percutante, de provocatrice, bref de quelque peu dérangeante.
Dans la vaste salle de l’Arsenal, on nous présente une série de 34 portraits du personnage de Poupée incarné par Zoé Duchesne. Tantôt des tableaux photographiques, tantôt des courts métrages, ces créations sont censées symboliser «les crises existentielles de l’humain [,] son inévitable perte d’innocence», et au fond, les différentes étapes à travers lesquelles il passe au cours de sa vie.
Si je dis «censées», c’est que malheureusement, malgré plein de bonne volonté, le tout n’est pas convaincant. L’ensemble manque cruellement de subtilité. On peut percevoir que l’artiste s’est inspirée du cinéma muet et du théâtre grotesque, mais chacune des oeuvres expose son thème respectif de façon un peu trop littérale et ainsi, perd son pouvoir d’évocation. Par exemple, sur «Miroir cassé», on voit Poupée étendue sur… un miroir brisé. Dans «Papa ange», un homme avec des ailes accourt vers celle-ci, semblant vouloir la protéger du monde extérieur. On peut observer Poupée qui s’auto-flagelle, coiffée d’un serre-tête orné d’antennes, dans «Le fouet de l’abeille». Dans le court métrage intitulé «La Renaissance», la protagoniste est présentée de dos, des vagues roulant vers elle. Bref, l’exposition reste très premier degré et aurait gagné à être plus épurée. On se perd un peu dans les images, qui paraissent plus être une série d’égo-portraits qu’autre chose.
Sinon, bien que je n’aie pas de problème face à la nudité en général, encore faut-il qu’elle produise du sens. En parcourant l’installation, on peut admirer la plastique parfaite de Zoé Duchesne, mais il n’y a aucune variation quant au traitement de ladite nudité dans l’image; Poupée a toujours les seins nus, peu importe le tableau. J’ai bien de la difficulté à comprendre comment on peut vouloir dénoncer le culte de la beauté et l’hypersexualisation en révélant exactement ce contre quoi on proteste…
Malgré tout, il y a quelques bons flashs, quelques tableaux plus prenants, qui ne donnent pas nécessairement «tout cuit dans le bec». On laisse ici davantage place à l’interprétation, comme dans «La corde à danser». C’est là, j’ai l’impression, que cet art peut devenir plus universel et ainsi, rejoindre plus de gens.
En gros, si la démarche de l’artiste est intéressante, il y a tout de même un décalage entre le message qu’elle semble vouloir transmettre et le pouvoir d’évocation de ses oeuvres; on reste un peu sur notre faim. Malgré tout, je vous conseille de vous y rendre pour vous faire votre propre opinion! L’installation est présente jusqu’au 19 avril à la galerie l’Arsenal, dans le quartier Griffintown. L’artiste sera présente pour une performance live les dimanches à 15h jusqu’à la fin de l’exposition. En terminant, voici une petite chanson de circonstance pour égayer le reste de votre journée! :)
Par Amélie Hubert-Rouleau
Collaboratrice spontanée
Tu veux que ton texte soit publié sur lesnerds.ca? Voici comment:
Soumettre un texte spontané