Le festival Anachronik : du rock’n’roll à saveur résolument vintage
Il porte un manteau de cuir, les cheveux en bataille. Elle a revêtu sa plus belle robe fleurie, du rouge aux lèvres, des souliers vernis. Ensemble, ils dansent sur des rythmes endiablés comme si c’était la dernière soirée de leur vie. À eux deux, ils semblent incarner les symboles d’une époque révolue, mais ils existent bel et bien en 2015, à Montréal de surcroît.
Toi aussi, tu auras l’occasion de te mettre sur ton 36 pour aller écouter de la musique vintage à souhait, dans le cadre du Festival Anachronik, qui aura lieu dans la métropole du 29 avril au 2 mai prochain. Incursion dans un monde unique pas snob du tout avec l’un des passionnés créateurs de l’événement, Frédéric Roy-Hall.
Comment s’est concrétisé le projet Anachronik?
C’est arrivé un peu «par erreur». Avant, je produisais des spectacles pour une entreprise qui s’appelait Jaune Prodz. Cette entreprise a fait beaucoup de spectacles et avec cette gang-là, on a décidé de partir un week-end de shows, un festival, parce qu’on était des très grands fans de rockabilly.
Lors de la première édition, on s’attendait à peut-être 2000 personnes; on en a eu 3000 ce week-end-là. Ça nous semblait comme un beau succès. La deuxième année, on a décidé d’être plus sérieux dans notre démarche, mais je te dirais que c’est un peu arrivé par accident. Maintenant, ce n’est plus nécessairement juste un festival rockabilly. Cette année, je crois qu’on a seulement trois groupes de ce genre-là, mais c’est l’inspiration du lifestyle du rockabilly qu’on aime beaucoup.
Qu’est-ce que tu décrirais comme le «lifestyle rockabilly»?
Je dirais que c’est une culture et c’est un type de personne. Je dirais que c’est des gens… C’est la gang de punks qui ne sont pas des anarchistes. Ce sont des gens qui vont aller loin dans leur recherche et qui vont souvent l’intégrer dans plusieurs sphères de leur vie; dans leurs maisons, tu vas voir de beaux sofas vintage. Les filles aiment ça, les robes fleuries. Les gars aiment porter leurs chapeaux et leurs favoris.
La musique indie, par exemple, tout le monde va en écouter, mais quand tu arrives à la musique garage ou rockabilly, c’est très rare que quelqu’un qui écoute ce genre de musique ne s’en imprègne pas totalement. C’est un mode de vie et c’est ce qui est agréable là-dedans. C’est l’aspect de la communauté que je retiens de ça. Au final, ce n’est pas quelque chose de trop dans la marge, cette culture-là. Des souliers de cuir et des jeans serrés, ça n’a jamais fait de mal à personne. (Rires)
Dans un article paru sur le webzine «Les Méconnus», tu disais qu’avec Anachronik, tu voulais faire vivre «le son de Montréal». À quoi correspond pour toi le «son de Montréal»?
C’est LA chose que j’aime le plus de ce festival-là. Montréal, à cause de son bilinguisme, de sa culture européenne et de beaucoup de choses, n’a pas la même approche au niveau de la scène locale. On a une scène locale qui est beaucoup plus diversifiée que la majorité des villes. Je suis allé dans assez de villes pour dire que j’ai vu de la scène locale canadienne et américaine (ndlr: Frédéric a travaillé pour plusieurs autres festivals de musique tels Lollapalooza et Coachella).
Si j’avais à décrire le son de la ville, il y a plusieurs branches, mais il y a un petit quelque chose de rough qui vient du coeur. Quand tu es un musicien à Montréal, tu le sais que tu ne feras pas d’argent, donc tu es mieux de donner tes tripes. C’est la seule affaire que tu vas avoir. Il y a quelque chose de beaucoup plus commercial dans les scènes locales des autres villes.
En terminant, quels sont tes coups de coeur, tes recommandations pour la troisième édition d’Anachronik?
Je vais t’en donner trois, pour des raisons différentes. Les Demon’s Claws, c’est mon coup de coeur à moi. Ça fait super longtemps qu’on les veut et on ne réussit pas chaque année, parce qu’ils jouent une fois par année et sinon, ne font plus de tournée. Pour moi, c’est le big hit du festival.
Un autre coup de coeur que je suggérerais au public, c’est le lineup qu’on a créé avec Bloodshot Bill, les Deuxluxes et Dany Laj, c’est quelque chose. Il va y avoir du fun dans cette salle-là. C’est de la feel-good music, du bon rock’n’roll. Cette soirée-là, c’est ce qui représente le plus le festival.
Enfin, musicalement, si on a envie d’impressionner du monde, c’est Jesse Mac Cormack. Celui-là, c’est très méconnu comme groupe, selon moi, mais ça reste un des meilleurs artistes montréalais, tous genres confondus. Quand il est sur une scène, tu entres dans sa bulle. Ça fait du bien d’entendre ça [sa musique]. C’est la seule personne que je connais qui a son monde et qui est capable de t’emmener dedans complètement.
Pour faire le plein de Tremblay, de gros fun et de rock’n’roll, va faire un tour à ce festival pas piqué des vers! La passe weekend est disponible sur le site Internet au coût de 20 $ plus taxes, sinon tu peux acheter ton billet à l’unité à la porte de chacune des salles où les shows sont présentés (TRH Bar, les Katacombes et le Petit Campus.)
Par Amélie Hubert-Rouleau
Collaboratrice spontanée
Tu veux que ton texte soit publié sur lesnerds.ca? Voici comment:
Soumettre un texte spontané