Les territoires du désir
de Anaïs Nin, dans Être une femme et autres essais
Si cette citation de celle qu’on considère souvent comme la pionnière de la littérature érotique est vraie, le recueil de nouvelles Nu, chapeauté par Stéphane Dompierre, trace, mot à mot, le chemin vers soi. L’écrivain québécois, que certains ont pu découvrir avec Un petit pas pour l’homme, Mal élevé ou encore avec les bandes dessinées Jeunauteur, a réussi avec brio à rassembler 16 auteur(e)s bien de chez nous (lui y compris) afin de constituer un bel objet littéraire «latex sur chair», comme il le qualifie lui-même dans cette entrevue accordée à Catherine Perrin à la radio de Radio-Canada le mois dernier.
Source d’image: ici.radio-canada.ca
La démarche est en effet pas mal intéressante : à l’heure des Fifty Shades of Grey, du buffet pornographique accessible sur Internet et des autres gadgets sexuels producteurs d’images préfabriquées, c’est plutôt rafraîchissant de pouvoir pénétrer les univers d’auteurs qui présentent une vision saine et diversifiée de la sexualité. Sur les 16 écrivains, honte à moi, je n’en connaissais que 4 : Stéphane Dompierre, évidemment, Eza Paventi, Patrick Senécal et Guillaume Vigneault. Malgré tout, d’après mes recherches, tous ceux et celles qui ont écrit pour « Nu » (6 hommes et 10 femmes) sont des écrivains chevronnés ; ils/elles ont tous au moins déjà publié un roman ou un recueil.
Ces nouvelles, avant même d’être érotiques, sont d’abord des histoires de rencontres. Le petit livre rose et noir recèle, par ailleurs, de couleurs beaucoup plus qu’il n’y paraît à première vue. À travers toutes ces voix différentes, que ce soit sous forme de confession ou de lettre, on arrive à décrire judicieusement la tension, l’intensité et le tourbillon qui accompagnent les grandes passions. À mon sens, ce livre est une belle façon de s’offrir un peu de temps à soi, de s’évader du quotidien pour bâtir son propre monde d’images affriolantes. Il se déguste comme un bon vin, lentement et avec délectation. On y explore les territoires du corps, sans artifices ni scénarios cuculs pour enfin en venir à se retrouver véritablement « nus » face à des expériences humaines qui feelent vraies. Une belle découverte littéraire pour les froides soirées d’hiver qui arrivent à grands pas!
Par Amélie Hubert-Rouleau
Collaboratrice spontanée
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