McCord: un voyage dans le temps

Si je m’arrête un instant

Pour te parler de ma vie

[…]

J’te raconterai les souvenirs

Bien gravés dans ma mémoire

En marchant dans le musée McCord, à la fin d’un mois de septembre parfois frileux et d’autres fois donnant des espoirs d’été éternel, je découvrais autour de moi un décor appliqué et réfléchi afin de rappeler l’histoire du Québec par sa musique. Mon audio guide bien installé sur mes oreilles afin de ne pas manquer une seule note de cette culture qui est la nôtre, j’avançais parmi les télévisions et les guitares.

Face à la vidéo de Jean Leloup, je suis frappée par la réalisation de l’expérience que je viens vivre. Un épanouissement face à la culture dans laquelle j’ai grandi. Cet homme, cet étranger, ce géni, des souvenirs. Je me représente le visage de mon père, il me parle de lui, ce grand homme fucké. Aucune de ses chansons n’est disponible dans l’audio guide, j’entends tout de même Balade à Toronto raisonner dans ma mémoire.

Tant qu’il y aura des étoiles sur le bord de la route nous devrons nous arrêter

J’avance, me rappelant John the Wolf et ma fascination face à mon père qui me raconte ses concerts.

J’arrive face à un mélange culturel ; québécois et amérindien. Ani Kuni. Le temps m’aspire, je ferme les yeux. J’ai six ans, peut-être moins, c’est la routine du dodo et cette berceuse iroquoise me fait savoir que dans une vingtaine de minutes, je m’endormirai au son de la voix de ma mère qui me lira, à ma demande, Arc-En-Ciel, Le plus beau poisson des océans.

On me bouscule, je suis de retour avec mes dix-neuf ans et mes soucis du matin me semblent pourtant un peu plus distants.

Je pars à la recherche d’une chanson, sans savoir laquelle. Je lis. Mes yeux sont attirés vers la gauche ; Tassez-vous de d’là. Je quitte 2014, nous sommes en 2005. Je suis sur une banquette arrière avec ma cousine ; devant, ma mère et la grande cousine. La musique est plus forte que ce que ma mère tolère habituellement, Les Colocs nous font chanter à tue-tête. On passe un tunnel, la musique coupe, c’est le karaoké.

Balma balma sama wadji

Khadjalama yonwi

De retour à la réalité, j’écoute la chanson à quelque reprise. C’était une de mes préférées. Soudainement, un titre m’appelle. Le Colombarium. Salut Pierre Lapointe, ça faisait longtemps.

Je danse dans ma tête. Je me vois danser dans le salon d’une ancienne maison. Mon père apprécie la musique, mais il aurait préféré que je ne répète pas cette chanson une vingtième fois. Peu importe. Il rigole avec moi. La vie est douce.

Le Musée me sort de ma rêverie pour me projeter autre part. Boom, Boom Boom. Boom, Boom Boom. Mes Aïeux ont pris le contrôle de mes souvenirs. 2006, je suis en sixième année. Entourée de mes meilleures amies, celles qui font encore partie de mon quotidien aujourd’hui, cette chanson joue… tous les jours.

Quoi ? C’est la fin de l’exposition ? Presque. Je m’assois dans la salle noire, la dernière pièce, le dernier voyage.  Rufus Wainwright me chante Hallelujah.

Je quitte l’expo sur un nuage… mes pieds sont légers et la vie est belle. Je prends mon iPod et fait jouer La Grand-Mess. Les Cowboys marchent avec moi jusqu’à l’école. De retour à la réalité, je ressens toujours ce sentiment dégagé qui restera avec moi pour la journée.

Merci, artistes québécois, de m’avoir fait grandir, de m’avoir fait voyager, hier et aujourd’hui.

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Par Alexandrine Lacelle
Collaboratrice spontanée

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