On se marie quand?

Une prison dorée pour certains, un exutoire à la solitude pour d’autres, la promesse solennelle de partager peines et bonheurs pour tous: on entend toutes sortes de phrases préconçues à l’égard du mariage.

Un jour de procrastination intense, après avoir écouté Bridget Jones, je me suis baladée sur internet pour savoir si deux mariages sur trois se concluent réellement par le divorce au Canada (le tableau me paraissant bien noir). Au fil de mes errances, j’en suis venue à découvrir un petit fun fact: la fourchette d’âge moyen lors d’un premier mariage au Canada n’a jamais été aussi élevée. Alors, comment se fait-il que mon feed Facebook soit envahi de Save the date et d’annonces de fiançailles de plus en plus régulièrement? Si la plupart des gens se marient plus vieux qu’avant, notre génération ne devrait-elle pas se sentir moins contrainte de s’engager rapidement et, au contraire, prendre son temps? Même s’ils ne sont pas nécessairement représentatifs de notre génération entière au Québec, nombre de mes amis et connaissances au début de la vingtaine ont pourtant franchi le pas.

Une pression s’exerce-t-elle encore sur les jeunes pour qu’ils se «casent», et si c’est le cas, se localise-t-elle tout de même autour d’un certain âge? La perception que l’on a du mariage a-t-elle changé et si oui, comment? (Je me pose beaucoup de questions random devant la télé.)

Les dernières statistiques sur l’âge des époux au premier mariage remontent à 2008 au Canada, et je n’avais aucun moyen de conduire par moi-même une étude dont on puisse tirer une généralisation scientifique. Qu’à cela ne tienne, j’ai quand même insisté pour collecter quelques opinions autour de moi et apprendre comment les gens de mon âge perçoivent cette institution, la pression qu’ils subissent ou non par rapport à cela et l’âge idéal pour se marier selon eux.

Leur perception du mariage

«Selon Statistique Canada, en 2011, 67% des familles canadiennes sont dirigées par des couples mariés, par rapport à 70% en 2001. […] Il existe toutefois une autre forme d’union de plus en plus populaire au Canada : l’union de fait, qui n’exige aucune cérémonie officielle. Cette forme de cohabitation finit toutefois par conférer aux participants des droits et obligations comparables à ceux du mariage, du fait de vivre à deux et, le cas échéant, avoir un enfant. […] Les couples mariés demeurent la structure familiale prédominante, mais entre 2006 et 2011, le nombre de couples en union de fait augmente à 13,9%, soit quatre fois plus que pour les couples mariés.» (Historica Canada)

Ainsi, si l’on en croit ces statistiques, beaucoup en viennent à préférer l’union de fait qui confère tout de même une sécurité légale aux partenaires. Si l’on extrapole quelques peu, on pourrait penser que la connotation traditionnelle et religieuse du mariage semblerait être aujourd’hui son principal défaut pour certains.

«Les tendances nuptiales au Québec diffèrent de celles du reste du Canada et certaines de ces différences découlent de la Révolution tranquille des années 1960, lorsque moins de gens ont choisi le mariage religieux, au profit de l’union de fait. En 2006, 29% des familles au Québec sont des couples en union de fait et la province compte 44% des conjoints de fait au Canada.» (Historica Canada)

Pourtant, dans mon sondage maison, trois jeunes filles (25, 21 et 20 ans) sur 16 ont mentionné que des considérations légales influençaient leur décision de se marier.

Un des hommes (27 ans) a désigné le mariage comme un lockdown. Cette perception plus noire du mariage s’accorde avec celle de Pierre-Marie Quitard, grammairien et auteur de la fin 19e siècle: «Le mariage est une forteresse assiégée, ceux qui sont dehors veulent y entrer, ceux qui sont dedans veulent en sortir.» Ce jeune homme ajoute que le bon moment pour se marier est when there is no other option (lorsqu’il n’y a pas d’autre option).

Pour une jeune fille de 23 ans, le mariage n’est qu’une «union sur papier. Seulement un contrat». Une autre, âgée de 25 ans, s’explique: «Pour moi, le mariage est une institution dépassée. Je n’ai jamais personnellement cru au mariage. Je ne trouve pas que c’est une preuve d’amour vraiment nécessaire. Mettre la bague au doigt d’une personne n’est, selon moi, qu’un artifice qui n’influence pas vraiment une relation. […] Autrefois, il y en avait [de la pression sociale quant au mariage], à cause des femmes qui étaient plus dépendantes des hommes. Cependant, je crois que cette pression peut venir du fait que le mariage est associé au grand amour, alors qu’en réalité, non. On peut vivre un grand amour en union libre.»

Un homme de 33 ans interrogé confirme que «le mariage est devenu avant tout une formalité administrative à [s]on sens», tout en nuançant: «[u]ne institution plutôt obsolète, qui garde néanmoins une charge symbolique […] résiduelle.»

À son instar, la plupart de nos sondés rappellent l’importance de cette symbolique pour eux. Parmi eux, un autre homme de 27 ans la définit ainsi: «Building a lasting, faithful and beautiful relationship with one woman.» (Construire une relation durable, fidèle et magnifique avec une femme»), tandis que beaucoup encore évoquent l’importance d’assurer une descendance, de créer un foyer et d’instruire les générations futures.

La pression et l’âge

«C’est pour quand, vos noces?» Une question que l’on entend surtout aux réunions de famille! Parmi les répondants, ceux qui ressentent une pression quant au mariage l’expliquent souvent par la transmission de certaines préoccupations des générations précédentes. Ainsi, les parents et la religion sont souvent cités comme facteurs de cette pression, mais d’autres renvoient à leurs amis.

Un des répondants, homme célibataire de 33 ans, nous dit sentir les regards «curieux et méfiants» de certains de ses amis en couple. À l’inverse, une jeune célibataire de 25 ans avoue parfois s’éloigner de ses connaissances qui démarrent une relation. Cependant, ceux qui ressentent de la pression de leur entourage restent marginaux.

Pour la majorité, le mariage (comme l’amour) n’a pas d’âge. Seulement un petit nombre croit qu’il existe un âge «idéal» pour se marier. Une jeune femme de 21 ans croit qu’il vaut mieux faire le grand saut à 23-24 ans, un homme de 23 ans pense que 27 ans est le bon âge et une femme de 27 ans propose 32 comme chiffre magique, mais tout le monde s’accorde pour confirmer la tendance relevée en 2008: la fourchette d’âge moyen pour un premier mariage augmente!

Par Johanna
Collaboratrice spontanée

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